Transformers : le commencement
Toute licence majeure doit un jour passer par la case préquelle, c’est comme ça, c'est l’industrie qui fixe les règles. Étant donné la qualité ou la pertinence pas toujours au rendez‑vous de ces films remontant aux origines de tel ou tel personnage, il était normal de s’inquiéter concernant Transformers : le commencement. Entre son titre peu inspiré, sa bande‑annonce pas toujours rassurante, ou encore sa licence d’origine habituée à enchaîner les films oscillants entre médiocres et carrément mauvais, les raisons d’être méfiant étaient légion.
Heureusement pour lui, les têtes pensantes derrière le projet ont fait de bons choix pour éviter une énième préquelle qui fait perdre son temps ou soupirer devant son écran. Tout d’abord, il s’agit cette fois non pas d’un film en live‑action mêlant acteurs et effets visuels, mais bien de pure animation. De quoi lâcher les chevaux sur l’aspect visuel et sur l’action en évitant les soucis avec les humains dans le champ ou même dans l’intrigue.
Direction Cybertron, la planète d’origine des robots intelligents au cœur de la franchise Transformers, bien avant leur rencontre avec la Terre. Il est question d’y suivre Orion Pax et D‑16, deux amis mineurs d'Energon, une énergie vitale pour la survie de ce peuple. Ces derniers vont ‑pas de chance‑ tomber sur une conspiration affectant toute leur société. Des événements qui vont les mener à devenir Optimus Prime et Mégatron, les ennemis jurés que l’on connaît dans les films suivants.
Bro(t) before Foe
Le déploiement de cette origin story des deux frères ennemis est d’ailleurs peut‑être le principal point faible du film, qui aurait pu éviter cet écueil en prenant davantage de temps. La transformation de D‑16 en Mégatron semble un brin précipitée et trop peu crédible pour ne pas faire tiquer un spectateur un peu exigeant, qui aura d’ailleurs probablement vu venir la plupart des événements à l’avance. Reste que cela ne gâche pas le film et passera à des années‑lumière au‑dessus de la tête des plus jeunes. Pour compenser, Transformers : le commencement peut d’ailleurs remercier le personnage de B‑127, qui n’est autre que le futur Bumblebee.
Comme une bonne partie du film, ce dernier prend intelligemment le contrepied de tout ce à quoi il nous a habitués dans la plupart des longs métrages diffusés de 2007 à 2023. Plutôt que d’être mutique et badass, c’est ici une vraie pipelette qui enchaîne les blagues vocales ou visuelles, souvent malgré lui. Contrairement à ce que la bande‑annonce laissait redouter, l’humour fait mouche et ce Commencement assume pleinement son statut de divertissement détendu. Le film n’oublie cependant pas le drame qui se joue en fond et qui va influencer cet univers pour longtemps.
Côté visuel, si le visage des personnages peut parfois faire tiquer, le reste de l’animation est impeccable. Coloré et généreux sans verser dans le too much, le style général a le bon goût de rejoindre celui d’un certain Spider‑Man : Across the Spider‑Verse. On en prend plein les yeux, parfait pour retrouver son âme d’enfant. La musique par Bryan Tyler et les stars qui donnent de la voix (en tout cas en VO) ne viennent également pas trahir l’ensemble du projet, qui fonctionne, tout simplement.
Into the Transformersverse
Transformers : le commencement ne réinvente certes rien et ne marquera probablement pas les esprits ou l'industrie pour les années à venir. Il n’en demeure pas moins un très convaincant divertissement pour les fans ou non de la saga. Cette dernière profite ici probablement de l’un de ses meilleurs films. Les plus taquins diront que ce n’est pas très dur. En allant véritablement creuser les origines de la relation entre deux personnages iconiques, et en enrobant le tout dans un emballage chatoyant, dynamique et généreux, c’est tout simplement une bonne pioche pour qui chercherait une œuvre fun et, pour une fois, qui justifie son existence de préquelle.