Tralala
Chanteur de rue, Tralala (Mathieu Amalric) croise une jeune femme qui lui adresse un étrange message avant de disparaître : « Surtout ne soyez pas vous‑même ». Il part à sa recherche et arrive à Lourdes où Lili (Josiane Balasko), la soixantaine, le prend pour son fils Pat, envolé pour les États‑Unis il y a vingt ans. Tralala décide de jouer le jeu et se retrouve bientôt face à un frangin (Bertrand Belin) sceptique ainsi que deux amours de jeunesse bien décidées à le garder.
« Une vie désenchantée qui se met à s’enchanter », c’est clairement dans le sillage de Jacques Demy que les frères Larrieu égrènent les notes optimistes de leur comédie musicale fantaisiste. Tralala (Amalric, leur acteur fétiche, émouvant dans les fripes d’un troubadour déclassé et chantant un peu faux) quitte les trottoirs mornes de Paris pour rejoindre Lourdes, au pied des Pyrénées.
La ville natale des cinéastes n’incarne pas moins celle de tous les miracles. Miracle d’une vie nouvelle offerte à notre clochard céleste, d’une filiation ou d’un amour enfin retrouvés pour Lili, Jeanine (Mélanie Thierry), Barbara (Maïwenn) ou la petite Virginie (Galatéa Bellugi) dont le prénom et l’apparition tiennent du prodige. Sur la route qui le mène jusqu’à elle, Tralala va vivre une parenthèse enchantée dans laquelle les solitudes s’annulent en chansons (signées Philippe Katerine, Étienne Daho, Dominique A. et Jeanne Cheral) et les gens continuent de danser malgré leurs masques.
Qu’importe finalement que Tralala ne soit pas Pat, surtout si cet inoffensif cas d’imposture a le don de nourrir les espérances humaines. Une féerie chorale qui fait du bien.