Tout s'est bien passé
Emmanuèle, romancière, la cinquantaine, et sa sœur Pascale (Géraldine Pailhas) retrouvent leur père (André Dussollier) très diminué à l’hôpital après un AVC. Lorsqu’il leur demande de mettre fin à ses jours, ses filles sont brutalement confrontées à un dilemme : accepter son choix et le rendre réalisable ou le faire changer d’avis.
Un sujet tabou
Adapté du roman autobiographique éponyme d’Emmanuèle Bernheim (fidèle collaboratrice du cinéaste, elle travaille sur Sous le sable, Swimming Pool, Ricky), Tout s’est bien passé s’empare d’un sujet d’actualité tabou en France ‑le suicide assisté‑ et rarement exploité au cinéma. Industriel aisé et grand amateur d’art, André choisit délibérément sa fin de vie, c’est donc vers un organisme suisse (représenté par Hanna Schygulla, l’égérie de Fassbinder) que ses filles doivent se tourner.
Ode poignante à la vie
Si cette décision irrévocable nécessite une certaine logistique (enregistrement vidéo, deal nocturne avec les ambulanciers), c’est la part de déni tendue vers la douloureuse résignation qu’Ozon retient à travers des scènes de filiation particulièrement touchantes et même drôles. Face à Dussollier, magistral dans un corps empêché mais capable de revendiquer son droit de mourir dans la dignité, on en oublie presque l’esthétique télévisuelle dont pâtit cette ode poignante à la vie.