Tomboy
Laure (Zoé Héran), une fillette de 10 ans, vient d’emménager avec sa famille dans un nouveau quartier. Naturellement garçon manqué, elle décide de se changer en Mickaël auprès des autres enfants. Le subterfuge fonctionne à merveille jusqu’à ce que la réalité vienne tout mettre en péril.
Dès l’ouverture, l’ambivalence est frappante : un gamin, cheveux courts, grands yeux bleus et traits fins, pilote une voiture avec l’accord de son père. Quelques instants plus tard, son identité sexuelle est révélée. Nous avons marché, tout comme cette poignée d’enfants du coin qui ne tarde pas, à son tour, à se laisser duper.
Avec intelligence et inventivité, Laure se plaît à détourner tout ce qui caractérise les filles et les différencie des garçons. Sans même en avoir conscience, elle fait preuve d’une petite révolution enfantine et abat chaque cliché de la disparité des sexes : le cordon d'un trousseau de clés rose contre une couleur neutre, le bermuda, la veste à capuche, le maillot de bain une pièce transformé en slip de bain et la fabrication artisanale d’un pénis en pâte à modeler, comme autant d’artifices confortant l’enfant dans son illusion ludique.
L’exploration de son corps passant par des séquences au miroir rappelle, en l’occurrence, que la puberté, encore non advenue, favorise ce jeu de dupes. Bien sûr, ce travestissement festif doit durer un temps et c’est le monde des adultes qui mettra fin à cette innocence joueuse. Mais entre‑temps, Laure aura fait une trêve identitaire, juste le temps d’un été.