Thunderbolts
Trente‑sixième film de l'univers cinématographique Marvel et sixième et dernier de la phase 5, Thunderbolts rassemble une équipe d’anti‑héros : Yelena Belova, Bucky Barnes, Red Guardian, Ghost, Taskmaster et John Walker, piégés par Valentina Allegra de Fontaine, politicienne en quête de pouvoir.
Le film aurait pu être l’électrochoc tant attendu d’un univers cinématographique Marvel en perte de vitesse. Sur le papier, ça promettait, sur l’écran, un peu moins.
Pourquoi sont‑ils aussi méchants ?
Le film de Jake Schreier ne sauvera pas Marvel, mais au moins, il ne l’enterre pas plus profondément. Mieux, il réussit dans sa scène post‑générique à faire croire à un éventuel rebond. Comme au bon vieux temps ! Le souci, c’est que le film donne tout de même l’impression d’un recyclage mou.
L’idée d’un Suicide Squad version Marvel avait pourtant du potentiel : des vilains, des marginaux, du chaos… Mais ici, les personnages sont lissés, dédramatisés, presque sympathiques. Dès la voix off de Yelena (Florence Pugh), le ton est donné : s’ils sont méchants, ce n’est pas de leur faute mais à cause de la vie. Résultat, des héros comme les autres, juste un peu plus grognons et pas habillés flashy.
Hollywood persiste à croire qu’humaniser les vilains suffira à les rendre intéressants (Cruella, Maléfique, Wicked…) et à faire de bons films, mais dans le cas du MCU, ça tourne à vide. Le plus flagrant ? Bucky Barnes, déjà héros d’une série entière avec le Faucon, ou Red Guardian qui n’a jamais été vraiment menaçant mais plutôt un comic relief sur pattes. Ils sont à l'opposé du concept même du film. Le scénario, d'ailleurs, peine à donner une cohérence à ce groupe de bras cassés vaguement repentis, et plus généralement à ces nouveaux Avengers.

Peut mieux faire ?
Tout n’est pas à jeter pour autant, on sent tout de même une volonté de renouveau, une tentative de redonner un peu de fraîcheur à une machine essoufflée depuis plusieurs films déjà. Mais si vous attendiez quelque chose de sombre à la Dark Knight, passez votre chemin. L’humour estampillé Marvel est toujours là, sauf que cette fois, il tombe souvent à plat. Et malheureusement, les vannes ne masquent ni l’absence d’intensité, ni celle d’enjeux.
Les scènes d’action sont rares et interchangeables, les combats calqués sur des chorégraphies déjà vues mille fois. À force d’hésiter entre le film de potes dysfonctionnels et une grande bagarre générale, Thunderbolts rate les deux cibles. On aurait aimé du rugueux, du cassé, du bordélique, voire (on peut rêver) de l'introspection. À la place, on a des super‑héros un peu moins colorés que d'habitude mais qui se battent exactement comme les Avengers d'antan. Même le grand méchant, aussi caricatural que surpuissant, est expédié. C'est dire.
Côté technique, les effets spéciaux font, avouons‑le, assez bien le job et la direction artistique est vraiment propre, parfois même assez belle. Les acteurs sont en mode automatique mais pas non plus mous du genou. Mais il manque un moment fort, une vraie scène épique au film, quelque chose qui fasse vibrer, un money shot, une vraie bataille, un vrai enjeu…
Bref, Thunderbolts est au final un film de transition qui amorce la suite plus qu’il ne raconte quelque chose. Marvel parvient une fois de plus à nous vendre de l’attente comme du spectacle, ils sont forts chez Marvel, vraiment ! Mais il serait peut‑être temps qu’ils recommencent à être bons.