Thor
Qui aurait pu imaginer que Kenneth Branagh, l'homme qui, dans les années 1990, dépoussiéra le théâtre filmé avec des adaptations plutôt soignées et flamboyantes de Shakespeare (Beaucoup de bruit pour rien, Hamlet), se retrouve un jour aux commandes de Thor, un blockbuster flanqué d'un héros blondinet et musculeux sorti de l'écurie Marvel ?
Si les premières minutes du film laissent craindre le pire (un pudding numérique d'une laideur à couper le souffle), Branagh remonte peu à peu la pente et, en bout de course, s'en tire plutôt avec les honneurs. Il faut dire que l'histoire de ce héros nordique, banni du royaume d'Asgard par son propre père (Anthony Hopkins, en roue libre) pour une incartade guerrière chez d'anciens ennemis, et condamné à errer de nos jours sur les terres arides du Nouveau‑Mexique, n'était pas facile à porter à l'écran. Imaginez plutôt : un grand blond bodybuildé qui tente de récupérer un marteau géant planté dans un cratère surveillé par l'armée et le FBI, une panoplie de Viking qu'il trimballe entre 4x4 et diners et une romance improbable entre lui et une scientifique gaffeuse (Natalie Portman).
Mais Branagh, contrairement au Hulk de Ang Lee, a choisi de déminer le potentiel ridicule de son film, en adoptant un point de vue lui‑même décalé, plein d'humour, qui prend au sérieux la quête de ce héros divin mais ne peut s'empêcher d'en rire. Une réussite inattendue.