The Woman
Tout a commencé par un scandale, déclenché à Sundance l’an dernier par la projection de The Woman (voir entretien ci‑dessous), quatrième film de Lucky McKee, jeune cinéaste américain à qui l’on doit notamment May et The Woods.
Accusé de misogynie et d’ultra‑violence, The Woman est adapté d’un roman de Jack Ketchum (Dead River) et décrit l’aventure de Chris Cleek (Sean Bridgers), un avocat petit‑bourgeois qui, un jour, capture une femme sauvage, la « woman » du titre, et entreprend de lui apprendre la civilisation avec des méthodes pour le moins musclées.
Séquestrée dans une grange attenante à sa maison douillette, Chris va donc tenter de mettre en application une série de principes moraux qui incarnent tous autant de démons d’une certaines Amérique contemporaine désireuse d’ériger ses convictions éthiques et religieuses en fondamentaux indiscutables.
La puissance du film tient, au‑delà d’une mise en scène rigoureuse et inventive, dans sa capacité à dépeindre une horreur douce, homéopathique, à laquelle chaque membre de la famille est sommé de collaborer, qu’il s’agisse de la mère, réduite à un rôle de femme au foyer docile et apeurée (Angela Bettis, l’actrice fétiche de McKee), ou des deux enfants, qui devront choisir de prolonger, ou non, la ligne éducative du père.
Une merveille de subversion qui n’a pas connu l’honneur d’une sortie en salles. En bref, un joyau.