The We and the I
C’est le dernier jour de classes, des lycéens du Bronx empruntent le même bus pour rentrer chez eux. Durant le trajet, les liens se tissent ou se délitent, les règlements de comptes côtoient les blagues vachardes et les insultes en tous genres, tandis que certains draguent et d’autres se chamaillent.
Deux heures durant, Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, The Green Hornet), nous embarque dans un road‑movie singulier, puisqu'il s'agit d'un huis clos en mouvement, à l’intérieur duquel des jeunes, issus des minorités, usent de différents moyens de communication pour intégrer ou exclure des camarades de classe. Ainsi, un montage vidéo railleur est envoyé sur chacun des téléphones portables, sauf à celui de Teresa, qui choisit le dessin comme exutoire à son malêtre adolescent.
Les deux premières parties du film « The Bullies » et « Chaos », consacrées à la logique de bande, s’acheminent naturellement vers une exploration plus intimiste du « Je » dès lors qu’il rompt avec la carapace artificielle que celle‑ci lui impose. Les masques tombent, la perruque blonde de Teresa avec, et c’est à partir de la troisième partie que l’on décèle l’intensité juvénile de ces désaxés écorchés, faussement rebelles.
Une bonne surprise qui évoque parfois le Breakfast Club de John Hughes, le prince de la comédie ado des années 1980.