The Tree of Life
Il est devenu, avec Michael Cimino et après la mort de Kubrick, le plus secret des réalisateurs américains. Après Le Nouveau Monde sorti en 2006, The Tree of Life, son cinquième film, était attendu comme le Graal. Présenté par ses aficionados comme le 2001 de son auteur, The Tree of Life se divise en trois parties distinctes, trois époques, que le montage entremêle jusqu’au vertige.
Cette odyssée de l’espace, de l’espèce plutôt, débute dans les années 1950, avec un père autoritaire (Brad Pitt), frustré d’avoir raté son american way of life. La mort de l’un de ses fils précipite une catastrophe familiale que l’on sentait venir. Pourquoi autant d’injustice ? Comment apprendre à faire le deuil de sa chair ? Comment survivre à la perte ? Autant de questions par lesquelles Malick ouvre son film.
Et puis nous voilà projetés quelque part au début de l’humanité, entre anneaux de Saturne, dinosaures qui se coursent dans des rivières, buildings ultra‑modernes (au milieu desquels Sean Penn, dans des séquences au look publicitaire, erre comme un zombie), voix‑off et nappes musicales lyriques, soit le moment « kubrickien » du film, sorte de Home de Yann Arthus Bertrand (auquel la production a d’ailleurs racheté deux minutes de film) hanté par le fantôme de 2001.
Le problème de The Tree of Life, c’est qu’au‑delà de son discours un rien bigot (à l’inverse du monolithe de 2001 qui incarnait l’insondable énigme métaphysique de l’existence, le film de Malick se dirige et s’en remet à un mystère qui s’appelle Dieu), au‑delà de la somme qu’il s’imagine être et des qualités de certaines séquences (la partie centrale autour des trois garçons qui cherchent leur place entre une mère aimante mais effacée et un père impulsif), on retrouve tout le style et l’esthétique du réalisateur des Moissons du ciel (l’importance de la nature, la dimension sensorielle et poétique des images), mais sous une forme pompeuse et kitsch.
The Tree of Life (« l’arbre de vie ») veut embrasser le monde, mais s'estompe dans un montage trop étiré et fouillis. À trop vouloir toucher le sublime, chercher l’origine et l’histoire de la vie, Malick nous perd aussi un peu.