The Square
Voici donc la Palme d'or du Festival de Cannes 2017. Après le très piquant Snow Therapy, le scénariste et réalisateur suédois Ruben Östlund continue son autopsie du genre humain à travers la dégringolade de Christian, le Conservateur star d’un musée d’art contemporain très en vue. Bardé de sa Tesla électrique, de ses habits les plus branchés et d'un jeune assistant français (comble du chic), Christian lévite, danse avec quelques happy few dans des lieux exclusifs, prononce de beaux discours devant des hordes d'invités venus pour les petits‑fours et passe son temps à théoriser l'humanité à travers de grandes expositions qui font débat. Jusqu'au jour où un banal vol de téléphone portable déclenche chez lui une réaction inédite. S'enfonçant dans ses propres contradictions, Christian ne semble plus rien maîtriser. De l'ordre naît le chaos.
Le portrait de la faune de l'art contemporain est sévère, des communiquants également. Mais c'est bien le genre humain et son rapport à l'Autre que questionne Ruben Östlund tout au long de ces 151 (trop) longues minutes qui prennent rapidement le chemin de l'auto‑contemplation : regarde‑toi dans ce film et tu sauras qui tu es. Effet de meute, lutte contre sa propre bestialité, élites déphasées, lâcher‑prise, les thèmes abordés sont passionnants et l'angle joyeusement cynique. Le décalage entre le discours et le manque de rythme du film surprend néanmoins.