The Secret
Dans l'Amérique profonde, la petite ville de Cold Rock se meurt. Plus que le chômage, ce sont les nombreuses disparitions d'enfants qui minent l'atmosphère de la bourgade. Une rumeur prétend qu'ils sont emmenés par le « Tall Man », un mystérieux et terrifiant homme en noir. Une jeune infirmière, Julia Denning, part à sa poursuite quand son fils disparaît...
Beau parcours que celui du réalisateur français Pascal Laugier. Après un premier long métrage envoûtant mais trop référentiel (Saint Ange, 2003) et une deuxième réalisation à petit budget ayant marqué au fer blanc le genre mondial (l'éprouvant Martyrs en 2008), il revient avec un thriller qui, de prime abord, marque un net tournant dans sa filmographie.
Adieu les citations cinéphiliques de son premier film, adieu la violence paroxystique du suivant : place à une histoire et une narration plus classiques, plus posées. C'est du moins ce que laisse penser la première heure du film, avant qu'un basculement audacieux ne vienne à la fois dynamiter les repères moraux du spectateur et dresser un parallèle évident avec Martyrs, puisque les deux films parlent finalement de la même chose : les injustices liées à la prédestination sociale, l'innocence brisée par la pauvreté, avec ici un questionnement qui ne trouvera de réponse que dans la conscience du spectateur.
Rien d'étonnant à cela : The Secret fut écrit par Laugier avant Martyrs, et les deux longs métrages fonctionnent comme les deux faces d'une même pièce. N'ayant pas cédé à la tentation de poursuivre son exploration de l'horreur en réitérant le coup d'éclat qui a fait se braquer sur lui les yeux des producteurs du monde entier, le Français a préféré tracer sa route en portant à bout de bras un projet finalement très personnel.
Ironiquement, c'est en inscrivant son histoire dans un environnement nord‑américain avec des acteurs du cru qu'il parvient enfin à séduire le public français (The Secret a obtenu un joli petit succès dans nos salles). Comme quoi, si nul n'est prophète en son pays, il est possible de préserver son intégrité artistique en franchissant l'Atlantique.