par Jean-Baptiste Thoret
25 novembre 2009 - 12h05

The Reader

année
2009
Réalisateur
InterprètesKate Winslet, Ralph Fiennes, David Kross, Bruno Ganz, Lena Olin
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Berlin, au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Population un brin éberluée, ambiance post-douche froide, gris et pluie partout. Michael Berg (David Kross), un ado de 15 ans, fait la connaissance d'Hannah, une femme trentenaire (Kate Winslet, Oscar archi-mérité) dont il devient l’amant.

Jeux de l’amour et de la lecture s’entrelacent rapidement, puisqu’à l’éducation sentimentale de Michael s’ajoutent les nombreuses lectures qu’il fait à sa maîtresse, rituels pré-coït où se succèdent pêle-mêle Homère, Tintin, La dame au petit chien de Tchekhov, Huckleberry Finn et autre Lady Chatterley.

À première vue, tout va pour le mieux, couleurs délavées pour le monde extérieur et chaudes pour le nid d’amour. Mais sans encore savoir pourquoi (voir la seconde partie du film), un voile sombre obscurcit leur relation, un malaise sourd qui émane du comportement d’Hanna, de ses sautes d’humeur, de cet air parfois hagard et inexplicablement inquiet qu’elle arbore au contact des autres.

Un jour, Hanna disparaît sans prévenir. Huit ans plus tard, Michael, devenu étudiant en droit, la retrouve sur les bancs des accusés pour crime de guerre nazi et découvre son passé de gardienne des camps. Le temps passe, Hannah est condamnée à vingt ans d’enfermement et Michael, devenu mari, père (et Ralph Fiennes), reste inconsolable. Un air de chien battu que l’acteur du Patient anglais, impeccable, maîtrise à la perfection.

Si l’on n'a pas lu le best-seller éponyme de Bernard Schlink (1995) dont The Reader est tiré, on pénètre dans ce film sans la moindre idée de ce qui pèse sur sa première partie, de loin la meilleure. Mais lorsque Stephen Daldry (The Hours) dévoile enfin le secret -et pas le plus léger : le poids de l’Holocauste sur trois générations d’Allemands- il peine à retisser l’histoire de jeunesse de Michael à la grande, l’immense, l’écrasante Histoire de la Shoah.

C’est peu de dire que Stephen Daldry et ses deux producteurs, Sydney Pollack et Anthony Mingella (tous deux décédés pendant le tournage), avancent avec précaution, timidité même, comme si à force d’éviter les mines du sujet et ses clichés, leur mélo philosophique se tétanisait au contact de la complexité des thèmes abordés (la loi et la morale, la culpabilité et la conscience, la mémoire et la rédemption, l’illettrisme et la barbarie, etc.), et calait au point mort d’une innocence perdue : Michael adulte reste dévasté et Hanna, apparatchik naïve, comprend à peine l’horreur de ses actes.

Au fond, le problème du film ne provient pas de ce qu’on lui reprochera sans doute, autrement dit d’avoir humanisé une Nazie (Fritz Lang, le plus grand, l’aurait fait et aurait eu raison : comprendre même les pires d’entre nous), ni de confondre parfois pardon et rachat (les maigres économies d’Hanna versées à une association juive), mais d’être resté au seuil de la seule question qui le hante : comment faire le deuil de la Shoah ? Soit se souvenir et avancer.

Enfin, on ne regrettera pas Nicole Kidman, remplacée au pied levé par Kate Winslet pour cause de grossesse et scènes de nu impossibles à tourner. Winslet irradie tellement le film qu’à la fin, on se demande ce que, sans sa présence, il aurait été.

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Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
18/11/2009
image
BD-50, 124', toutes zones
1.85
HD 1 080p (Mpeg4 AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français (imposé sur la VO)
10
10
image
Un mot : sublime. On s'arrêterait bien là, mais on ne résiste pas au plaisir de vous dire à quel point la précision est optimale, le piqué pointu, les contrastes et les noirs intenses, le détail d'enfer (voir les gouttes de pluie et le relief des murs), la lumière intense et la fluidité hyper-naturelle. Toutes les ambiances s'enchaînent parfaitement, présent et passé, intérieurs et extérieur. Une grande réussite.
7
10
son
Ne vous attendez pas à du spectaculaire. Ici, tout se joue en finesse. VO et VF se valent (même si le jeu des doubleurs français change un peu trop le rapport entre les deux amants). Peu d'éléments au final, mais parfaitement exploités et spatialisés à l'arrière.
5
10
bonus
- Making of sur l'adaptation du roman original (23')
- Sept scènes coupées et cinq scènes étendues
- Entretien avec le réalisateur et le jeune comédien David Kross (10')
- Sujets sur le maquillage, les décors, la musique (24')
- Bandes-annonces
De quoi découvrir les coulisses, l'ambiance de tournage (quel bout en train cette Kate !), le jeu et le travail des comédiens (le jeune David Kross ne parlait que très peu anglais avant le tournage), l'implication du réalisateur, etc. Sympa et complet.
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