The Police : Around the World
Étrange relique de l'histoire que ce The Police : Around the World. Pas vraiment un documentaire, trop fragmenté pour être un live, ce film d'une heure à peine flotte dans un entre‑deux curieux, mi‑souvenirs de vacances mis en musique, mi‑clip promotionnel pour un groupe au pic de sa popularité.
Nous sommes en 1980 et le trio a réussi à exploser dans les charts avec ses deux premiers albums, Outlandos d'Amour et Reggatta de Blanc. Portés par une poignée de singles culte (Roxanne, So Lonely, Message in a Bottle), Sting, Andy Summers et Stewart Copeland sont alors en plein cœur de leur première tournée mondiale. C'est également en cette période faste que le groupe enregistrera, un peu à la va‑vite selon ses propres dires, son troisième album, Zenyattà Mondatta. Et sur la route comme sur scène, le groupe sera filmé dans son quotidien de touristes charismatiques tout au long de la tournée, pour en faire ensuite un court documentaire, publié à l'époque en VHS.
Trois garçons normaux
Le Police que l'on retrouve dans Around the World est donc déjà auréolé de gloire, acclamé aux quatre coins du monde, et c'est presque une atmosphère de boys band en goguette qui se dégage de ce film. Celui‑ci propose finalement de passer un peu de temps avec une bande de « garçons normaux », s'amusant à faire des facéties où qu'ils soient. Débutant au Japon, l'aventure passe ensuite par Hong Kong, l'Inde, l'Australie, l'Amérique du Sud ou même la France, donnant à voir de chaque pays quelques images façon office du tourisme (pyramides en Égypte, jardins zen au Japon) sans vraiment aller plus loin. On pense parfois aux premiers films des Beatles ou des Monkees, face à cette succession de saynettes assez maladroitement scénarisées. On y voit The Police sur des chevaux, courant dans un marché en Inde en tapant partout avec des baguettes de batterie, faisant un combat de sumo, ou batifolant en slip de bain sur la plage. Certains passages deviennent même des petits clips, comme cette séquence où le groupe mime When the World Is Running Down, You Make the Best of What's Still Around dans un téléphérique.
À la découverte des pépites cachées
Les fans prendront peut‑être plaisir à voir le trio faire les pitres, mais il sera difficile pour les autres de retenir grand‑chose de Around the World : sans propos ni narration, le film tourne rapidement en rond, et chaque nouvelle séquence hors sujet (ces longs plans de Sting qui fait de la moto ou qui joue du piano…) use un peu plus la patience du spectateur.
Heureusement, le film propose tout de même quelques séquences live. Et si la qualité de captation est très variable, l'énergie que dégageait le groupe à l'époque est bien là. Les extraits du concert donné en Inde sont particulièrement savoureux, avec des membres dégoulinant de sueur dans une petite salle étriquée. Précise, beaucoup plus technique qu'on ne le pense, la musique de Police gagne un beau cachet sur scène et le film a le mérite de donner envie de se replonger dans la discographie du groupe pour en redécouvrir les pépites cachées. Mais là encore, l'aspect très fragmentaire de la réalisation donne trop peu d'occasions d'écouter des morceaux entiers et de voir longuement le groupe sur scène, nous laissant finalement sur notre faim quand arrive la fin du voyage. Dommage.