The Place Beyond the Pines
L’erreur consisterait à voir ce film comme un codicille un peu opportuniste du Drive de Nicolas Windin Refn, exploitant la soudaine popularité de son acteur mutique, Ryan Gosling. Non, The Place Beyond the Pines, littéralement « l’endroit au‑delà des pins », plonge dans l’Americana des diners glauques et des bleds endormis, de la pauvreté White Trash, des mères célibataires qui triment comme des bêtes pour une poignée de dollars et des fils, désœuvrés et au chômage, pour qui la drogue constitue l’ultime issue de secours.
Luke (Gosling) fait partie de ceux-là : cascadeur à moto qui écume les coins perdus pour faire ses petits numéros, il croise un jour la route d’une ancienne conquête (Eva Mendes), laquelle lui apprend qu’il est le père de son jeune fils. Soudain, Luke décide d’assumer ses nouvelles responsabilités et, par tous les moyens, surtout illégaux, décide de subvenir à sa nouvelle petite famille.
Le film aurait pu creuser ce sillon un peu misérabiliste ou tragique, mais un coup de force scénaristique (que nous ne dévoilerons pas) fait basculer le film vers un autre personnage, un flic interprété par Bradley Cooper, lui aussi père d’un jeune fils. Comment le film noue‑t‑il ces deux intrigues ? À vous de voir.
C’est l’une des bonnes surprises de cette fin d'été : un faux polar mélancolique qui réactive toutes les figures du grand mélo classique hollywoodien pour explorer ces chemins de traverse et de vie (« au-delà des pins ») qui intéressent de moins en moins le cinéma américain contemporain.