par Émilien Villeroy
05 juillet 2018 - 16h42

The Moody Blues : Days of Future Passed Live

année
2017
Réalisateur
AvecJustin Hayward, John Lodge, Graeme Edge
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

1967. Responsable du petit tube Go Now et d'un premier album dispensable, The Moody Blues est alors aux yeux du public un sympathique mais très banal groupe anglais de rythm & blues. Presque arrivée au bout de son contrat avec le label Decca, la formation réussit alors à rebondir de la plus étonnante des façons en sortant l'un des premiers concept‑albums de l'histoire du rock et l'une des pierres fondatrices du rock progressif.

 

Enregistré avec l'aide du producteur Tony Clarke, Days of Future Passed nous narre une journée dans la vie d'un homme ordinaire, des premières heures du matin jusqu'à la nuit noire, sorte de voyage psychédélique entrecoupé d'interludes orchestraux. Un mariage entre pop et musique classique placé sous le signe du romantisme et de la délicatesse, qui lança la carrière du groupe avec l'aide de quelques singles cultes dont Nights of White Satin et son mellotron envoûtant. Le début aussi pour The Moody Blues d'une série de sept albums‑concepts, appelés Core Seven par leurs fans, qui s'enchaînèrent à un rythme effréné jusqu'en 1972, toujours sous le signe de l'audace et de la conceptualité. Pourtant, malgré l'aura de ce disque fondateur et visionnaire, Days of Future Passed n'avait jamais été interprété en intégralité avec un orchestre sur scène. Ce fut donc chose faite en 2017 à l'occasion du 50e anniversaire de l'album, lors de deux dates exceptionnelles au Sony Centre for the Performing Arts à Toronto. Un concert unique désormais disponible en Blu‑Ray et DVD pour découvrir la résurrection live de cet album mythique.

 

Encore faut‑il être patient avant de pouvoir en profiter. En effet, c'est par un drôle de pot‑pourri que débute Days of Future Passed Live, neuf morceaux tirés du catalogue étendu de The Moody Blues. Étonnamment, le groupe fait la part belle à des titres plus récents, non issus des Core Seven, qui ne brillent pas particulièrement par leur subtilité : entre blues lourdingues (Steppin' in a Slide Zone) et soupe pop‑rock remplie de synthétiseurs affreux (Nervous, Your Wildest Dreams), on craint alors le pire pour la suite face à un groupe ayant l'air d'être un peu trop vieux pour ces bêtises (drôle de sensation à la vue du batteur Graeme Edge, assez diminué, dont l'apport se réduit parfois à des coups de caisse claire pendant qu'un second batteur s'occupe de porter le morceau tout seul). Pénible et sans grâce, cette première partie se traîne pendant 50 minutes poussives et peu recommandables.

 

Puis les choses sérieuses commencent enfin. Et à l'instant où retentissent les premières notes de l'album Days of Future Passed, interprétées par un orchestre de 67 musiciens sur scène, c'est un tout autre concert qui s'offre à nous. Oniriques et délicates, les chansons de cette odyssée sonique sont une vraie bouffée d'air frais, infiniment plus subtiles et foisonnantes que celles jouées précédemment par le groupe. Et après une brève narration de Jeremy Irons en guise d'introduction, le groupe se lance dans une très belle version de Dawn is a Feeling, nous replongeant d'un coup dans les volutes de la pop luxuriante et Technicolor de la fin des Sixties. Véritable voyage dans le temps, la douzaine de morceaux du disque sont ainsi très joliment revisités avec l'aide d'arrangements particulièrement fidèles et soignés.

 

Évidemment, un certain kitsch se dégage d'un bout à l'autre de ce spectacle nostalgique, parfaitement symbolisé par ces projections ringardes qui illustrent chaque morceau. Mais celui‑ci ne sied que trop bien à Days of Future Passed, disque profondément imparfait, prisonnier de son époque, de ses tares et de sa naïveté. Doucement pompeux dans son concept et régulièrement maladroit dans son exécution, il n'a jamais eu la modernité farouche des Beatles ou l'inventivité stupéfiante des Zombies, tombant dans une certaine forme d'inoffensivité pataude mais très sympathique. Cinquante ans plus tard, ces défauts sont toujours là. Mais il y a aussi et surtout un plaisir simple à parcourir Days of Future Passed Live tant on y trouve là une capsule vers un autre monde et une autre époque, plus légère, plus rêveuse, plus simple. Et c'est avec un sourire aux lèvres que l'on embarque une fois de plus aux côtés de The Moody Blues, pour cette douce journée pop pas comme les autres.

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cover
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
23/03/2018
image
BD-50, 114', zone B
1.78
HD 1 080i (AVC)
16/9
bande-son
DTS-HD Master Audio 5.1
LPCM stéréo
sous-titres
Français, anglais, allemand, espagnol
7
10
image

Une réalisation de facture assez classique (les Moody sont plutôt statiques) mais dont on apprécie la sobriété et la belle qualité, avec de nombreux détails sur les plans rapprochés malgré la présence d'un peu de grain à certains moments.

7
10
son

Trouvant le bon équilibre entre les instruments pop et l'orchestre, Days of Future Passed Live réussit à offrir beaucoup d'espace aux chansons lumineuses de The Moody Blues. Si on excepte certains passages parfois un peu brouillons où les voix se perdent dans la masse, c'est une captation d'une belle qualité que nous propose Eagle Vision pour cette édition.

8
10
bonus
- The Moody Blues Remember Days of Future Passed (21')

Difficile d'assister à un concert comme celui‑ci sans avoir envie d'en savoir plus sur la genèse d'un tel album... C'est justement ce que nous propose le documentaire The Moody Blues Remember Days of Future Passed. Pendant 20 minutes, les trois membres du groupe racontent avec humour, face caméra, la création de l'album avec profusion de détails et d'anecdotes. Un document simple mais absolument passionnant.

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