The Monkey
Depuis leur enfance, les jumeaux Bill et Hal sont tourmentés par un étrange jouet retrouvé dans les affaires de leur père disparu : un singe mécanique qui semble provoquer le chaos et la mort autour de lui quand sa clé est remontée. Mais alors qu'ils pensaient s'être débarrassés de lui, le singe refait surface des années plus tard…
Une inventivité glauque et stupide
Surfant sur la popularité de son flippant Longlegs sorti en 2024, Osgood Perkins fait un pas de côté pour sa nouvelle réalisation. Restant fidèle au cinéma de genre qui a toujours été sa passion (il n'est pas le fils d'Anthony Perkins pour rien), il s'essaie cette fois‑ci à l'exercice difficile de la comédie horrifique avec The Monkey. Pourtant, c'est une nouvelle de Stephen King tout à fait sérieuse qui est adaptée ici. Mais préférant prendre des libertés pour éviter de tomber dans le film d'horreur banal avec un jouet possédé, Perkins joue complètement le contre‑pied et signe un jeu de massacre outré, gorgé d'humour noir, réussissant à trouver le juste équilibre pour faire naître le rire dans des situations saugrenues et ridiculement gore.
Évoquant la grandiloquence macabre de la saga Destination finale, The Monkey tient en haleine grâce à cet affreux petit singe au sourire carnassier qui, à chaque fois qu'il est remonté et donne un coup de tambour, déclenche autour de lui des morts spectaculaires et improbables, qui font souvent rire nerveusement d'effroi. Et Perkins utilise chacune de ces séquences avec un sens du tempo assez remarquable, parfois en faisant durer la tension, filmant avec soin des décors où chaque élément semble être une menace en puissance, parfois en faisant surgir la violence d'un coup, provoquant autant l'ahurissement que l'hilarité. Rien n'est trop pour The Monkey et son inventivité glauque va crescendo jusqu'à un dernier acte excessif et résolument stupide.

© Neon
Theo James surjoue à merveille
Et toute la force du film est là, la façon dont il assume l'absurdité de son concept dès sa première séquence (avec un excellent cameo d'Adam Scott) et pousse les curseurs grâce à des dialogues truculents et un montage comique qui utilise efficacement les cuts abrupts et les voix off ironiques. Theo James (Archive), dans le double rôle des jumeaux Bill et Hal, est au diapason de cet humour, surjouant à merveille l'effroi et la consternation d'un bout à l'autre du film. L'ensemble du casting n'est pas en reste, particulièrement les deux enfants qui interprètent les jumeaux dans la première moitié de l'histoire (on est bien chez Stephen King !).
Et puis, en creux de toute cette violence, il y a également un propos plus grave qui parcourt The Monkey : l'inévitabilité de la mort, l'injustice dans la façon dont elle peut frapper n'importe qui, n'importe quand, et la difficulté pour ceux qui restent de lui donner du sens. Une douce mélancolie qui surprend dans un tel bain de sang et qui fait vraiment mouche par moment, même si le film sait revenir rapidement sur le chemin de la comédie sans se prendre trop au sérieux. Car c'est aussi là où Perkins veut en venir : la mort, c'est glauque, mais parfois, il vaut mieux en rire. Et à ce compte‑là, The Monkey tape dans le mille.