par Paco Altura
02 mai 2014 - 16h36

The Lunchbox

VO
Dabba
année
2013
Réalisateur
InterprètesNimrat Kaur, Irrfan Khan, Nawazuddin Siddiqui, Denzil Smith
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

À Bombay, Ila, épouse délaissée, tente de reconquérir son mari en lui préparant des repas d'exception. Mais le service de livraison acheminant les plats sur le lieu de travail du mari se trompe d'adresse. C'est Saajan, veuf renfermé et modeste employé totalement inconnu d'Ila, qui le reçoit et s'en délecte. Découvrant la méprise, Ila glisse un petit mot à Saajan : le duo va peu à peu nouer une étrange relation épistolaire.

Hors du circuit et de l'imagerie de Bollywood, le réalisateur et scénariste Ritesh Batra réussit à ciseler une histoire universelle. Celle de deux êtres emprisonnés l'un dans un amour flétri (Ila), l'autre dans un deuil chargé de regrets (Saajan), qui vont nouer une relation intime, par le plus improbable des hasards (les dabbawallas, livreurs de repas, ne se trompent qu'une fois sur 6 millions !). Une proximité non pas physique mais spirituelle, puisque les deux âmes en peine ouvrent peu à peu leur cœur, leurs espoirs et leurs craintes à un complet étranger.

La chose pourrait être laborieuse ou démonstrative ‑on n'ose imaginer l'affreux tire‑larme que Hollywood aurait tiré de cette histoire formidable‑ elle est en fait d'une délicatesse, d'une beauté et d'une subtilité sans pareil. Le film, porté par deux acteurs sublimes (Irrfan Khan et Nimrat Kaur) et par une écriture qui se refuse toute facilité, nous fait assister à rien moins qu'une communion d'âmes. Une union spirituelle qui ne prend pas violemment en otage les émotions du spectateur, mais qui distille subtilement des sensations, des nuances, du vrai.

À cette perfection universelle, la réalisation formidablement construite de Ritesh Batra ajoute en prime les saveurs, les bruits, la pulsation vitale d'une Inde et d'un Bombay qu'il connaît intimement. Et lorsque démarre le générique de fin, on prend conscience que The Lunchbox est une de ces œuvres uniques qui restent, pour toute la vie, au cœur de celles et ceux qui l'ont vue et aimée.

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Dabba
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
06/02/2014
image
BD-50, 112', zone B
2.35
HD 1 080p (VC-1)
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français Dolby Digital 2.0
Anglais/Hindi Dolby Digital 5.1
Anglais/Hindi Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français
7
10
image
Une photo qui sait aussi bien tirer parti du crépuscule sur Bombay que des traîtres néons au sein des intérieurs. Sans apprêt particulier mais avec un petit grain qui donne de l'épaisseur quand il le faut, la réalisation discrète (riche en cadrages assez sensationnels) sait faire de temps en temps « péter » les couleurs (scène du mariage), mais surtout délicatement s'effacer pour mieux raconter l'histoire. Le master est de bonne qualité, précis sur les visages, mais parfois un peu plus approximatif sur les paysages. Pas de gros bémol hormis de disgracieux artéfacts (12'35'') en lieu et place d'une volute de vapeur en haut d'un immeuble.
7
10
son
Un très intéressant travail sur le son malgré un modeste Dolby Digital 5.1. La ville de Bombay gagne une belle présence à coups d'ambiances discrètes mais bien présentes et via une légère spatialisation qui se fait davantage sentir sur les scènes ferroviaires. En 2.0, cette inclusion de Bombay au casting disparaît presque pour ne laisser place qu'aux dialogues et aux musiques. Ces considérations sur les pistes VO jouent à l'identique sur les VF, de qualité homogène. Néanmoins, le choix de certaines voix françaises, pour le personnage de Saajan et tout particulièrement pour le personnage secondaire de Shaikh, s'avère assez déstabilisant et voire contestable.
8
10
bonus
- Présentation du film par Charles Tesson (5')
- Entretien avec Nimrat Kaur (21')
- Entretien avec Ritesh Batra (12')
- Livret exclusif au Blu-Ray avec les recettes du film par Chef Sanjee (Bollywood Kitchen)
Des bonus pour gourmets où strictement rien n'est à jeter ! On dégustera en priorité le passionnant entretien avec l'actrice Nimrat Kaur, qui explique l'intense travail de préparation (quatre mois) qu'il a fallu pour que la femme sophistiquée qu'elle est devienne une modeste ménagère de Bombay. Le réalisateur Ritesh Batra brosse quant à lui un riche tableau de la construction du scénario, en citant à la fois des sources d'inspiration littéraires et 7e art, et en exposant son travail pour rapprocher les personnages des acteurs choisis. Charles Tesson, grand spécialiste du cinéma indien et délégué général à la Semaine de la critique, livre enfin un savant ‑mais non pédant‑ recadrage du film au sein d'une industrie bollywoodienne et une Inde en pleine mutation.
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