The Lunchbox
À Bombay, Ila, épouse délaissée, tente de reconquérir son mari en lui préparant des repas d'exception. Mais le service de livraison acheminant les plats sur le lieu de travail du mari se trompe d'adresse. C'est Saajan, veuf renfermé et modeste employé totalement inconnu d'Ila, qui le reçoit et s'en délecte. Découvrant la méprise, Ila glisse un petit mot à Saajan : le duo va peu à peu nouer une étrange relation épistolaire.
Hors du circuit et de l'imagerie de Bollywood, le réalisateur et scénariste Ritesh Batra réussit à ciseler une histoire universelle. Celle de deux êtres emprisonnés l'un dans un amour flétri (Ila), l'autre dans un deuil chargé de regrets (Saajan), qui vont nouer une relation intime, par le plus improbable des hasards (les dabbawallas, livreurs de repas, ne se trompent qu'une fois sur 6 millions !). Une proximité non pas physique mais spirituelle, puisque les deux âmes en peine ouvrent peu à peu leur cœur, leurs espoirs et leurs craintes à un complet étranger.
La chose pourrait être laborieuse ou démonstrative ‑on n'ose imaginer l'affreux tire‑larme que Hollywood aurait tiré de cette histoire formidable‑ elle est en fait d'une délicatesse, d'une beauté et d'une subtilité sans pareil. Le film, porté par deux acteurs sublimes (Irrfan Khan et Nimrat Kaur) et par une écriture qui se refuse toute facilité, nous fait assister à rien moins qu'une communion d'âmes. Une union spirituelle qui ne prend pas violemment en otage les émotions du spectateur, mais qui distille subtilement des sensations, des nuances, du vrai.
À cette perfection universelle, la réalisation formidablement construite de Ritesh Batra ajoute en prime les saveurs, les bruits, la pulsation vitale d'une Inde et d'un Bombay qu'il connaît intimement. Et lorsque démarre le générique de fin, on prend conscience que The Lunchbox est une de ces œuvres uniques qui restent, pour toute la vie, au cœur de celles et ceux qui l'ont vue et aimée.