The Last Showgirl
Shelly (Pamela Anderson), danseuse de cabaret de Las Vegas, est soudainement confrontée à la fermeture de son spectacle après 30 ans de scène.
Alerte à Las Vegas
Pamela Anderson irradie dans le film de Gia Coppola, petite‑fille de Francis Ford (et donc nièce de Sophia). Une véritable résurrection artistique de la part de l’ex‑star (lette) d’Alerte à Malibu qui fait corps avec un personnage dont on la sent très proche. Force et de constater que la réalisatrice a le sens du casting, et pas seulement pour son rôle principal.

La sincérité de l’interprétation de l’ancien sex‑symbol n’est pas à mettre en doute. Confrontée à l'incertitude de son avenir, au temps qui a passé, Pamela Anderson émeut certes, mais elle est loin d’être le seul intérêt du film. Si elle livre une performance exceptionnelle en danseuse vaguement érotique qui a tout sacrifié pour vivre son rêve des projecteurs, il faut également saluer celle de Jamie Lee Curtis et de Dave Bautista. Tous deux impeccables dans des contre‑emplois pleinement assumés et des rôles plus intéressants.
Peu d’actrices sont d’ailleurs capables de se mettre à nu à 60 ans passés, comme le fait ici la fille de Tony Curtis et Janet Leigh dans une terrible scène de danse que le cinéphile reliera fatalement à ses déhanchés si suggestifs de Perfect (James Bridges, 1985). Et c’est sans doute fait exprès.
Comme l’annonce son titre, le film est avant tout une réflexion sur le vieillissement et la beauté des corps. Mais il serait réducteur de résumer le film à son actrice principale. Une grande partie du casting porte aussi le message et sa mélancolie. Les corps sont abîmés, sur‑maquillés, sur‑bronzés, sur‑bodybuildés, et au final, la chaire est fatiguée.

Le show et le froid
Gia Coppola est une réalisatrice maniérée et la forme est sans doute pour elle un peu plus importante que le fond. C’est le parti pris auquel il faut adhérer pour apprécier totalement le film. La première scène (un casting que l’on reverra par la suite) nous le fait bien ressentir. Étrangement, on se laisse bercer par la pâte granuleuse très 80’s de la photo du film et par sa musique. Une atmosphère se crée, les acteurs, avec leurs défauts, sont magnifiés.
Peu à peu, on oublie que ce Last Showgirl reste à la surface de son histoire et de ses personnages. C’est particulièrement dommage pour les personnages interprétés par Kiernan Shipka et Billie Lourd, un peu sacrifiées sur l’autel de la mise en scène. Heureusement, sa plongée dans la classe ouvrière de Las Vegas est suffisamment forte pour que l’on suive sans déplaisir Shelly essayer de courir contre le temps et sans doute elle‑même. On ne comprend pas trop où va le film, ni le ton général de l'histoire, qu'importe, on assiste à la fin d'une époque qu'on ne va pas forcément regretter, hormis pour ses travailleuses anomymes.