The Last Dance
Au même titre que Mohamed Ali pour la boxe, Michael Jordan est une légende du basket. Que Netflix lui consacre une série documentaire n'est donc pas une surprise mais un petit trésor âprement négocié avec la star pendant des années par la chaîne ESPN et le producteur Jason Hehir, qui a réussi à cumuler 500 heures d'images d'archives inédites. Que ce soit sur le parquet des salles de sport, dans les vestiaires, à l’entraînement, dans les chambres hôtels, en public ou en privé, il y a tant d’images inédites de Jordan et de témoignages hallucinants de ses coéquipiers, ses proches, sa famille et ses amis, que cela donne le vertige. Des archives qui mettent en perspective l’histoire de Michael Jordan à travers son parcours au sein d'une équipe de basket de légende, les Chicago Bulls, jusqu’en 1998.
Des archives entrecoupées de témoignages plus récents, de Michael Jordan bien sûr, mais aussi Scottie Pippen, de tout le staff des Bulls et même de Barack Obama et Bill Clinton. Et si aujourd’hui Jordan a aujourd'hui les yeux cernés, les mains abîmées et le corps un peu empâté, la mémoire est vive et sa confession sur les événements il y a 22 ans a priori sincère. Un voyage hors normes dans le sillage d'un dieu vivant pour les fans, d'un tyran épouvantable pour d'autres, qui ne fait l'impasse sur aucun aspect de sa vie : la valse des titres, des joueurs et des entraîneurs, les dollars, le jeu, les cigares, l’alcool et les strip‑teaseuses de Las Vegas, les scandales, les drames épouvantables et les joies indescriptibles… Loin de l'hagiographie qui guettait au tournant, ce récit palpitant pas uniquement réservés aux fans de sport lève aussi un voile captivant sur la psychologie du joueur et son intelligence, une soif de vaincre héritée de son enfance et de sa relation avec ses frères et son père.
Avec sa playlist hip‑hop/rap de rêve qui accompagne des images de matchs absolument incroyables, The Last Dance est à n'en pas douter la Rolls du documentaire sportif. Seul problème, sa structure basée sur des aller‑retour incessants dans le temps. Difficile alors de recoller les morceaux, les bonnes équipes avec les bons championnats, et les bons coéquipiers avec les bonnes époques. Un choix narratif discutable mais pas suffisamment fâcheux pour gâcher un ensemble qui, à défaut d’être parfait, se montre fascinant du début à la fin. En tout cas à la hauteur de la légende Jordan.