par Jean-Baptiste Thoret
11 octobre 2011 - 11h02

The Killer inside me

année
2009
Réalisateur
InterprètesCasey Affleck, Jessica Alba, Kate Hudson, Ned Beatty, Elias Koteas, Simon Baker
éditeur
genre
notes
critique
3
10
A

The Killer inside me fait partie de ces films, désormais peu nombreux, dont la sortie en salles fut précédée d’une rumeur sulfureuse, d’un petit parfum de scandale opportun sur fond de violence et de sexe. Soit les deux signaux qui attisent toujours l’esprit étriqué des puritains et font vibrer les tiroirs‑caisses des auteurs.

Adapté d’un roman de Jim Thompson (Le Démon dans la peau, son meilleur paraît‑il) que Burt Kennedy avait déjà porté à l’écran en 1976, le dernier film de Michael Winterbottom (Un cœur invaincu, The Road to Guantanamo, et déjà, la violence américaine) est un cheval de Troie. Le cheval, c’est une scène de violence plutôt extrême, digne du défonçage de gueule qui ouvrait Irréversible ou du mémorable passage à tabac de Brando dans La poursuite impitoyable de Penn. Mais ici, comme Bellucci dans le film de Gaspard Noé, la belle possède le visage d’ange de Jessica Alba et le tortionnaire, celui de Casey Affleck (Gerry), shérif adjoint lisse et premier de la classe d’un bled endormi du Texas des années 1950. La scène dure quelques minutes et vous glace le sang.

Pour le reste, et c’est l’intérieur du cheval, The Killer inside me cale son pas nonchalant sur Lou Ford, flic coincé entre une épouse aimante et nunuche (Kate Hudson) et une putain au grand cœur (Jessica Alba). Lou possède le charisme d’une nouille et un tueur inside him. Sous ses apparences de benêt cool, les femmes réveillent en lui des accès de brutalité. Origine du trauma oblige, la pathologie de Lou vient de loin, et plus précisément de sa mère qui, déjà, aimait qu’on lui botte les fosses pendant le coït. Vieux truc convenu : le bourreau est aussi une victime. Lou aime sincèrement les femmes qu’il assassine, et sa froide intelligence fait tâche au milieu de ses congénères bas de plafond.

En épousant la psyché clivée et autodestructrice de son personnage (récit à la première personne chez Thompson devenu voix‑off ici) sans pousser jusqu’au bout la confusion réalité/fantasme, Winterbottom tente de naviguer entre la surface apaisée d’une Amérique sympathique dopée par le boom pétrolier et ses effets corrupteurs. Lou est‑il alors le produit de son environnement ? Peut‑être. Mais très vite, on s’en contrefout et le récit se borne à une longue succession de scènes souvent ennuyeuses et dénuées de profondeur.

Film noir rétro et appliqué, flanqué d’une hyper‑conscience de lui‑même qui le tétanise, The Killer inside me, sorte de Hot Spot dépassionné, aborde des sujets capitaux mais les laisse tous en vrac (la Morale, le Bien, le Mal, la Responsabilité, etc.). Surtout, et contrairement au (très bon) film de Burt Kennedy, Winterbottom opte pour une position fatale qui consiste à tout filmer, non pas en marge du genre (Chinatown de Polanski) mais en surplomb, comme un théoricien un peu froid qui sait déjà ce que ses personnages feignent de ne pas savoir.

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dvd
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- de 12 ans
Prix : 19,99 €
disponibilité
27/12/2010
image
DVD-9, 105', zone 2
2.35
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français Dolby Digital 2.0
Anglais Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français
8
10
image
Des contrastes au taquet assurent le confort visuel, tandis que la colorimétrie s'efforce de rester la plus naturelle possible. Et que dire de cette douce résolution qui récompense chaque gros plan sur le visage des acteurs ? C'est un fait, le master de The Killer Inside me a sorti le grand jeu, et tant pis si de rares fourmillements viennent ternir les séquences tournées de nuit.
7
10
son
Voilà un film qui se laissera plus apprécier pour son ambiance et ses voix (particulièrement clinquantes sur la piste française) que pour sa capacité à mettre en valeur votre installation multicanale. Il déçoit même lors des intermèdes musicaux durant lesquels le spectateur aurait apprécié que le son se propage dans son salon pour accentuer l'intensité de la séquence, à l'instar de la bande‑annonce.
2
10
bonus
- Rencontre entre le journaliste cinéma Laurent Weil et la comédienne Jessica Alba (20')
- Bande-annonce
RAS.
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