The Insider
Un couple d'agents secrets (Cate Blanchett et Michael Fassbender) voit sa parfaite routine matrimoniale vaciller le jour où il est confronté à une crise professionnelle. Une taupe sévit dans leur service. L’un d’eux fait partie des cinq suspects, l’autre est chargé de la débusquer.
Taupe‑là !
Le précédent film de Steven Soderbergh, Presence, nous avait laissés sur notre faim. Hormis un high concept malicieux, il n’y avait pas grand‑chose à se mettre sous la dent. Heureusement, The Insider (ou Black Bag, son titre original beaucoup plus intrigant) est rapidement arrivé.
Sans rien divulguer, ici aussi, le réalisateur part d'un high concept bien ficelé. Mais cette fois, le cinéaste ne s’amuse pas seulement autour d’un exercice de style ; il joue avec le spectateur et ses personnages de manière diabolique et jubilatoire. Pour tout dire, on retrouve un peu l’esprit de sa saga Ocean's Eleven, le glamour, le show off et l’action en moins, bien sûr. Qu’importe au fond si The Insider est un « petit film » bavard, il est très agréable et on se souviendra longtemps de ces deux dîners qui ouvrent et clôturent le film, véritables parties de Cluedo grandeur nature, magistralement bien écrites et orchestrées.
Il faut dire que derrière le scénario se cache David Koepp qu’on ne présente plus (Jurassic Park, Mission impossible, Spider‑Man, Panic Room…). Il n’en fallait pas moins pour aboutir à un film sexy en diable, plein de sous‑entendus, où les interrogatoires sont autant de leçons de séduction, les parties de pêche des traquenards, et les dîners des joutes aussi verbales que sensuelles.

© 2025 Focus Features, LLC
Sexe, mensonges et un peu vidéo
À travers son enquête fil rouge, le film pose malicieusement la question du secret et du mensonge au sein du couple. Peut‑on mentir à quelqu’un que l’on aime ? Surtout quand son métier consiste justement soit à mentir, soit à ne rien dire, ou à se réfugier derrière le Black Bag du titre (sorte de « secret professionnel »), bien pratique. À la manière d’un Agatha Christie, le film est finalement un pur divertissement qui s’amuse, sous ses faux airs de thriller d’espionnage à la John le Carré, à titiller les failles humaines. Le tout saupoudré d’une petite touche d’humour so british. Michael Fassbender est formidable en maniaque insensible, pourtant amoureux comme au premier jour, et le reste du casting est à la hauteur.
Évidemment, le film n’est pas dénué de défauts. Steven Soderbergh aime expérimenter et The Insider ne déroge pas à la règle. L’image est très belle, mais on dirait que le réalisateur a découvert l’effet glow et diffuse toutes les sources lumineuses à la manière des filtres Instagram. C’est à la fois un peu énervant et souvent très joli, mais pas vraiment naturel.
Ce qu’on regrettera surtout, c’est le sous‑emploi de Pierce Brosnan. L’ex‑007 de retour dans un film d’espionnage, on en salivait d’avance. Surtout devant la caméra d’un réalisateur cinéphile adepte des références. C’est raté, l’acteur n’a que trois scènes qui ne sont d’ailleurs pas forcément à son avantage. Dommage, mais on chipote.