The Innkeepers
Claire et Luke travaillent dans un petit hôtel du Connecticut, le Yankee Pedlar. L'établissement a deux particularités : il est réputé hanté, et doit fermer définitivement dans quelques jours. Chargés de s'occuper des lieux et des rares clients jusqu'à la date fatidique, Claire et Luke décident de profiter de la situation pour essayer d'entrer en contact avec les esprits de l'hôtel...
Ti West est l'un des nouveaux petits maîtres de la scène horrifique indépendante américaine. Son précédent film, The House of the Devil, avait marqué par son ambiance lourde et son refus des formules établies, préférant jouer sur l'attente et le suspense plutôt que sur la violence graphique et frontale. C'est lors du tournage de ce dernier que West dort plusieurs nuits dans le Yankee Pedlar, authentique hôtel à propos duquel circulent des histoires de fantômes. Impressionné par les lieux, le cinéaste décide d'en faire le sujet de son film suivant, et revient quelques années plus tard pour tourner The Innkeepers dans les lieux mêmes.
Ti West adopte finalement la même approche que pour The House of the Devil : une construction patiente, sur la durée, qui ne doit rien aux canons actuels du genre. Ici, l'essentiel du film est consacré à la découverte, par petites touches d'humour ou de dramatisation, de personnages tout ce qu'il y a de plus humains, qui se révéleront de plus en plus touchants dans leur normalité. Le réalisateur maintient discrètement la tension par quelques séquences à la stylisation discrète, mais ne lâche les chevaux qu'en tout dernier recours.
Résultat : l'ambiance est partagée de façon assez magique entre comédie légère et épouvante, et bascule in fine dans une horreur qui nous paraît toute réelle. C'est aussi là que The Innkeepers se révèle frustrant, puisque les dernières séquences, bien trop courtes, nous laissent dans un état de manque après une si belle mise en bouche. Si West s'était montré plus généreux dans la partie purement surnaturelle de son final, on aurait tenu là un petit chef‑d'œuvre du genre. En l'état, le long métrage n'est qu'un excellent film fantastique. Ce qui, de nos jours, est déjà énorme !