The Housemaid
Euny (Do-Yeon Jeon), une jeune femme simple et naïve, est embauchée comme gouvernante dans une richissime famille sud-coréenne. Bientôt, Hoon, le mari (Jung-Jae Lee), la prend pour maîtresse. Mais lorsque Euny tombe enceinte, la vie de la famille bascule.
Remake de La servante réalisé en 1960 par Kim Ki-Young, The Housemaid dresse un constat à la fois cru et véhément sur le gouffre qui sépare les classes. Si la séquence d’introduction s’attarde sur l’effervescence nocturne de la ville, avec son mélange de générations et sa foule hétérogène, elle se poursuit dans une demeure luxueuse et gigantesque perchée quelque part, sur les hauteurs de Séoul, comme pour mieux rendre compte de leur supériorité.
Le huis clos aseptisé, coupé des réalités extérieures, encage maîtres et serviteurs afin que la dialectique s’opère implacablement. Ici, l’unique lien humain possible pour Euny est l’attachante petite fille du couple, pas encore contaminée par le snobisme de l’argent. Dans ce microcosme inspiré d’une fable mythologique (ce n’est pas un hasard si l’épouse se prénomme Héra), les dieux règnent sur leurs sujets traités en objets, grâce à leur suprématie matérielle. Ainsi, tout se monnaye, des relations sexuelles à l’exigence d’un avortement non consenti. Pour le ménage infernal, la vie et la mort humaines ont un prix, et le réalisateur Im Sang-Soo (The President Last Bang) dépeint précisément cette horreur de la suffisance qui déshumanise. Glaçant.