The Great Battle - L'ultime bataille
Corée, VIIe siècle. Profitant de dissensions entre deux des principaux généraux coréens, l’empereur chinois Taizong, puissant chef de guerre de la dynastie Tang, est sur le point de s’emparer du pays du matin calme. Après avoir écrasé la majeure partie des forces coréennes, il ne lui reste plus qu’à prendre la citadelle d’Ansi avant de filer vers la capitale. Malgré ce péril imminent, Samul, un jeune cadet coréen, est chargé par le général coréen Yeon d’assassiner le commandant d’Ansi, Yang Manchun, considéré comme un traître. Samul découvre une réalité bien différente à Ansi, défendue par une poignée de soldats, et va participer à l’hallucinant siège de la forteresse. Les combats opposant 200 000 Chinois à 5 000 défenseurs coréens vont durer presque trois mois et pousser les forces chinoises à ériger une montagne artificielle pour tenter de s’emparer de la place forte.
Dans la catégorie des films de siège, The Great Battle - L’ultime bataille est indiscutablement une petite pépite à voir, même si l’œuvre n’est pas exempte de défauts. Le réalisateur Kim Kwang‑shik est clairement à son affaire pour rendre intelligibles et magnifier les assauts particulièrement intenses de l’incroyable siège d’Ansi. Le cinéaste joue sinon avec génie au moins avec science de ses caméras, de ralentis bien placés et d’un montage nerveux pour restituer la grandiose sauvagerie des assauts.
Dans la mesure où le siège d’Ansi, un épisode historique réel, n’est pas bien connu des historiens, le réalisateur s’offre aussi des fantaisies irréalistes propres à ravir les amateurs. On s'amuse ainsi face à un improbable escadron d’arbalétrières sexy, à des généraux bravaches même durant un intense bombardement ou devant des effets numériques plus grands que nature (l’incroyable « colline » érigée par les Chinois face à Ansi)…
Le récit souffre toutefois de grosses lacunes dans la construction des personnages. Hormis Yang Manchun, le commandant d’Ansi, tous les héros sont de vagues silhouettes hâtivement caractérisées auxquelles le spectateur peine à s’attacher. Certains, pourtant supposés au centre de l’intrigue tel le jeune cadet Samul, s’avèrent même carrément inutiles. Ces lacunes narratives ne nuisent pas au plaisir visuel, mais si l’on met de côté l’inévitable écueil de l’élan patriotique irriguant l’histoire, elles affaiblissent de nombreuses péripéties. Particulièrement lorsque The Great Battle agrémente la narration avec des actions commando, des incursions désespérées et même une trahison. Faute d’accroche émotionnelle aux personnages, le destin tragique de beaucoup des héros d’Ansi perd en force.
Le film offre ainsi aux amateurs d’action médiévalisante nombre de séquences épiques et un siège effectivement mémorable, mais les gourmets en mal d’un grand récit de guerre ourlé resteront, eux, sur leur faim.