The Fear
Ancien boss du crime organisé à Brighton, Richie Beckett (Peter Mullan, Top of the Lake) s’est définitivement rangé et n’aspire qu’à œuvrer pour la reconstruction de West Pier, une zone désertifiée de la ville.
De leur côté, ses deux fils, Cal (Paul Nicholls) et Matty (Harry Lloyd), envisagent de faire fructifier leurs affaires en profitant de l’influence de la mafia albanaise, fraîchement débarquée dans la région. Mais le partenariat tourne mal et contraint de nouveau Richie à pactiser avec les dérives violentes de la délinquance. Ses troubles de la mémoire fragilisant peu à peu son équilibre psychique ne tardent pas, cependant, à le propulser vers un point de non‑retour.
Mini‑série britannique diffusée sur Channel 4, The Fear explore le lent et douloureux cheminement d’un individu visiblement infaillible, rattrapé par les affres irrémédiables de la maladie. C’est grâce à ce basculement clinique que la série s’affranchit des traditionnelles histoires de rivalités mafieuses et invente un héros paradoxal, lequel, en se sachant condamné, va réunir toutes les conditions nécessaires à son suicide programmé.
Richie, dont le pouvoir de discernement s’étiole et la mémoire défaillit, nous happe régulièrement dans une intrigue introspective. Des visions, toujours les mêmes, avérées ou délirées, distordues et sanguines, mettent à mal la conscience morale du protagoniste. De cette façon, l’oscillation entre folie et clairvoyance constitue un formidable atout scénaristique, attisant, à chaque plongée intimiste, notre curiosité quant à son passé trouble et traumatique.