The Electric State
Disponible ce vendredi 14 mars 2025 sur Netflix, The Electric State est l'un des films les plus chers de l'histoire avec un budget estimé à 320 millions de dollars. Une paille. Et déjà, la bande‑annonce laissait présager un projet recraché par une IA à laquelle on aurait demandé de tricoter un blockbuster digne de 2025 pour le géant du streaming. Entre sa thématique de SF centrée sur un monde post‑apocalyptique après un soulèvement de robots, des réalisateurs (Anthony et Joe Russo) habitués à l'exercice et un casting bankable porté par Millie Bobby Brown et Chris Pratt, tout sentait le cahier des charges bien jalonné et sans risques conçu pour le grand public. Mais pour quel résultat, finalement ?
Vaguement basé sur le roman graphique éponyme de Simon Stålenhag (dont le travail a déjà été adapté par Prime Video avec Tales from the Loop), The Electric State s'intéresse à une adolescente qui croise la route d'un robot visiblement envoyé par son frère, qu'elle croyait mort. Elle va alors se lancer à sa recherche, notamment dans une zone où sont emprisonnés les derniers robots après leur grande révolte. Sur sa route, au‑delà du personnage de Chris Pratt qui fait du Chris Pratt (personnage un peu bêta mais sympathique), elle va notamment croiser toutes sortes de compagnons mécaniques et d'antagonistes.

Mais pourquoi est‑il si méchant ?
Parmi ceux‑ci, le personnage de Stanley Tucci qui incarne un mélange de Jeff Bezos et de Steve Jobs, caricature d'un PDG d'une gigantesque société technologique au cœur du problème (diégétique, mais aussi de l'objet en lui‑même) de The Electric State. Si dans le contexte actuel, il est toujours plaisant de voir un patron au caractère et aux méthodes plus que discutables en prendre pour son grade, ici, tout manque cruellement de finesse pour pleinement fonctionner. Même chose pour la technologie au centre du film, qui aurait pu être intéressante à explorer si le script ne l'avait pas autant survolée tout en se montrant assez insipide. La question humains Vs robots a déjà été vue ailleurs, et en mieux (Black Mirror). Un peu de fond et d'ambition n'auraient pas fait de mal.
Le personnage de Giancarlo Esposito vient bien apporter un brin de nuance à un ensemble sans surprise assez manichéen, mais trop peu et trop tard pour sauver une intrigue sur rails qui prend les spectateurs par la main (et un peu pour des c***). Celle‑ci finit d'ailleurs par se vautrer dans ses dernières minutes dans le mièvre téléphoné et mal écrit. Heureusement, quelques personnages et dialogues chez les robots (au doublage VO sympathique) viennent parfois relever un peu le niveau, pour un ensemble malheureusement trop médiocre pour une telle débauche de moyens en 2025.

I, gros bot
La principale réussite du film provient en revanche de ses effets visuels, réellement convaincants. The Electric State évite également le piège des références à outrance. Le long métrage reste majoritairement dans son univers et c'est tant mieux. Outre la présence de Chris Pratt, l'œuvre des frères Russo rappelle également parfois Les gardiens de la galaxie en s'amusant à glisser çà et là quelques pistes de rock qui viennent réveiller le spectateur, mais sans pour autant égaler le panache du film Marvel.
Difficile d'ailleurs de ne pas y voir un énième blockbuster lambda côté réalisation. À l'image de son intrigue, le film manque cruellement d'âme et d'étincelle sur la forme pour marquer. On est loin de la claque d'autres films des frères Russo. Si la touche rétrofuturiste à la sauce années 90 peut parfois faire sourire, celle‑ci est également trop légère pour rehausser l'ensemble. À la musique, l'habitué des Marvel Alan Silvestri ne propose lui non plus rien de notable, on se croirait parfois dans le premier Avengers venu. Bref, si The Electric State était un plat, il s'agirait de frites réchauffées au micro‑onde…
Au final, The Electric State est une jolie coquille vide qui risque d'être aussi vite oubliée que (très) regardée. Seul son budget pharaonique en fait un film événement, et les abonnés méritent mieux qu'un divertissement passable. Avec son écriture plate digne d'une intelligence artificielle qui peine à générer des émotions, avec ses concepts de SF vides trop peu exploités, et en ne proposant rien de véritablement marquant sur le fond comme sur la forme, ce blockbuster Netflix ne méritait pas autant d'argent, et probablement pas votre temps libre.