par François Coulaud
18 février 2021 - 15h37

The Dig

année
2021
Réalisateur
InterprètesRalph Fiennes, Carey Mulligan, Lily James, Johnny Flynn, Ben Chaplin
plateforme
genre
notes
critique
8
10
label
A

En 1939, alors que la Deuxième Guerre mondiale est sur le point d’éclater, Edith Pretty (Carey Mulligan), une riche veuve anglaise, engage un archéologue amateur, Basil Brown (Ralph Fiennes), pour explorer des monticules dans sa propriété. Edith et Basil ont le sentiment qu’il y a là de possibles sépulcres anciens. Ils ne le savent pas encore, mais ils vont faire l’une des plus extraordinaires trouvailles archéologiques du XXe siècle…


The Dig, diffusé en exclusivité sur Netflix, romance l’exceptionnelle découverte faite à Sutton Hoo dans le Suffolk. Celle d’une tombe d’un roi qui a bouleversé la vision des historiens sur la période anglo‑saxonne, le fameux « Âge sombre » (de 450 à 870 apr. J.-C.) qui, en Angleterre, a précédé les invasions Vikings. Le film, réalisé par Simon Stone (La Traviata, L’œil du cyclone), montre bien plus que cette cruciale mise au jour.

 

Au prisme d’une atmosphère qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres de James Ivory (Les vestiges du jour, Retour à Howards End), The Dig pose d’innombrables questions. Depuis le snobisme universitaire ‑qui, faute de diplôme, considère l'amateur pourtant éclairé qu’est Brown pour un simple terrassier‑ en passant par le poids des conventions sociales, la filiation, le courage face à la maladie, la transmission du savoir ou encore la force du travail en équipe.


La période à laquelle se déroule cette découverte (prémices du second conflit mondial) est aussi cruciale pour évoquer, au fond, ce qu’est l’Histoire. Moins un processus figé dans les toiles d’araignées de quelques endroits antédiluviens qu'un mouvement continu et dynamique dans lequel les individus ne sont pas juste des figures de passage. Pour prêter vie à ce très riche terreau scénaristique ourlé par Moira Buffini (Jane Eyre, Le dernier vice‑roi des Indes), Simon Stone peut compter sur de nombreux atouts. Particulièrement un casting génial dominé par l’émotion retenue des fabuleux Carey Mulligan et Ralph Fiennes. Sur des prises de risque aussi.


Le réalisateur mise ainsi sur une reconstitution solide des fouilles, une authenticité soulignée chez nous par l’excellent podcast Paroles d’histoire. Mais aussi sur le sous‑entendu (la complicité presque amoureuse de Pretty et Brown), l'évocation délicate du conflit à venir et des regards qui en disent plus que de longs discours (relation entre les personnages de Ben Chaplin et Lily James). Au clinquant visuel, le film préfère la substance, la fibre et excelle à ce jeu parfait de « l’understatment » british, à l’exception du caricatural Charles Phillips (Ken Stott), le représentant snob du British Museum.


L’Histoire sera un temps cruelle pour Basil Brown et Edith Pretty ainsi qu’en atteste la courte postface du film. Mais qu’il aura été non seulement plaisant, mais surtout prodigieusement nourrissant, de côtoyer ‑même en fiction‑ de si extraordinaires personnages !

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Tous publics
disponibilité
29/01/2021
image
112'
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital Plus 5.1
Anglais Dolby Atmos 5.1
Allemand Dolby Digital Plus 5.1
Espagnol Dolby Digital Plus 5.1
Brésilien Dolby Digital Plus 5.1
sous-titres
Français, allemand, espagnol, arabe, anglais
8
10
image

Avec ses lumières soignées et sa peinture ravissante du Suffolk dans tous ses états (nimbé de soleil, masqué par le brouillard, écrasé sous la pluie), le directeur photo Mike Eley, jusque‑là surtout spécialisé en série télé (Klondike, State of the Union), gagne haut la main ses galons cinéma. L'image est détaillée, de jour comme de nuit, et les lumières, si l'on peut dire, éclairantes sur les émois des protagonistes. Du bel ouvrage aussi rendu possible grâce à un HDR Dolby Vision raffiné, toujours enclin à jouer les détails, les variations de tonalités et les éclats de lumière.

7
10
son

On ne va pas tergiverser : VOST impérative. D'abord parce que tout le travail délivré par les acteurs ‑particulièrement Ralph Fiennes‑ pour donner un accent et une voix propre à leur personnage, est écrasé par une VF sans saveurs régionales et sociales, pourtant cruciales pour appréhender le propos. Si ce seul constat ne suffisait pas, la VO Dolby Atmos 5.1 s'avère logiquement plus impactante lors des quelques scènes fortes (l'ensevelissement de Brown, le crash du Spitfire) et sur les séquences musicales. Sa spatialisation est bien plus précise qu'en VF.

0
10
bonus
- Aucun

The Dig est l'exemple même de programme qui pourrait être intelligemment enrichi par des bonus sinon de tournage, au moins documentaires. Hélas, la plateforme reste fidèle pour l'instant à sa politique incompréhensible d'absence de compléments.

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