The Dig
En 1939, alors que la Deuxième Guerre mondiale est sur le point d’éclater, Edith Pretty (Carey Mulligan), une riche veuve anglaise, engage un archéologue amateur, Basil Brown (Ralph Fiennes), pour explorer des monticules dans sa propriété. Edith et Basil ont le sentiment qu’il y a là de possibles sépulcres anciens. Ils ne le savent pas encore, mais ils vont faire l’une des plus extraordinaires trouvailles archéologiques du XXe siècle…
The Dig, diffusé en exclusivité sur Netflix, romance l’exceptionnelle découverte faite à Sutton Hoo dans le Suffolk. Celle d’une tombe d’un roi qui a bouleversé la vision des historiens sur la période anglo‑saxonne, le fameux « Âge sombre » (de 450 à 870 apr. J.-C.) qui, en Angleterre, a précédé les invasions Vikings. Le film, réalisé par Simon Stone (La Traviata, L’œil du cyclone), montre bien plus que cette cruciale mise au jour.
Au prisme d’une atmosphère qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres de James Ivory (Les vestiges du jour, Retour à Howards End), The Dig pose d’innombrables questions. Depuis le snobisme universitaire ‑qui, faute de diplôme, considère l'amateur pourtant éclairé qu’est Brown pour un simple terrassier‑ en passant par le poids des conventions sociales, la filiation, le courage face à la maladie, la transmission du savoir ou encore la force du travail en équipe.
La période à laquelle se déroule cette découverte (prémices du second conflit mondial) est aussi cruciale pour évoquer, au fond, ce qu’est l’Histoire. Moins un processus figé dans les toiles d’araignées de quelques endroits antédiluviens qu'un mouvement continu et dynamique dans lequel les individus ne sont pas juste des figures de passage. Pour prêter vie à ce très riche terreau scénaristique ourlé par Moira Buffini (Jane Eyre, Le dernier vice‑roi des Indes), Simon Stone peut compter sur de nombreux atouts. Particulièrement un casting génial dominé par l’émotion retenue des fabuleux Carey Mulligan et Ralph Fiennes. Sur des prises de risque aussi.
Le réalisateur mise ainsi sur une reconstitution solide des fouilles, une authenticité soulignée chez nous par l’excellent podcast Paroles d’histoire. Mais aussi sur le sous‑entendu (la complicité presque amoureuse de Pretty et Brown), l'évocation délicate du conflit à venir et des regards qui en disent plus que de longs discours (relation entre les personnages de Ben Chaplin et Lily James). Au clinquant visuel, le film préfère la substance, la fibre et excelle à ce jeu parfait de « l’understatment » british, à l’exception du caricatural Charles Phillips (Ken Stott), le représentant snob du British Museum.
L’Histoire sera un temps cruelle pour Basil Brown et Edith Pretty ainsi qu’en atteste la courte postface du film. Mais qu’il aura été non seulement plaisant, mais surtout prodigieusement nourrissant, de côtoyer ‑même en fiction‑ de si extraordinaires personnages !