The Devil's Double
Après L’âme des guerriers, le film qui le révéla en 1994, et Les hommes de l’ombre, Lee Tamahori, cinéaste d’origine néo‑zélandaise, s’est fait discret, devenant un yes‑man efficace spécialisé dans les films d’action (Meurs un autre jour, xXx 2, Next Level).
The Devil’s Double marque son retour à un cinéma plus personnel. Le sujet est en soi passionnant : Irak, 1987, le fils aîné de Saddam Hussein, Oudaï, impose à un quidam, Latif Yahia, de devenir son sosie officiel. L’homme n’a évidemment pas le choix et, après de multiples opérations de chirurgie esthétique, doit apprendre à devenir la doublure de son maître. Gestes, intonations de la voix, postures, l’illusion est bientôt parfaite. Mais à force de vivre dans l’ombre d’Oudaï, et parfois de le remplacer, Latif finit par ne plus savoir qui il est vraiment.
Au‑delà de la performance d’acteur impeccable de Dominic Cooper, qui interprète ici les deux rôles, The Devil’s Double marie à merveille le pamphlet sur le fils du dictateur irakien, enfant gâté, psychotique et capable d’accès de violence inouïe, et le thriller : devenu l’accumulation des horreurs commises par son double, Latif comprend peu à peu que seule la fuite, pourtant passible de peine de mort, lui offrira le salut.
Esthétiquement, le film de Tamahori emboîte le pas de cette débauche de luxe dans laquelle vivait la famille de Hussein, entre bolides de sport rutilants, bimbos lascives (Ludivine Sagnier, très à son aise dans le rôle d’une fille facile attirée par le brillant), fêtes pantagruéliques et signes extérieurs de richesse et de vulgarité. Un film coup‑de‑poing resté malheureusement inédit dans nos salles. À voir.