The Dead Girl
Une jeune fille a été assassinée. Autour d’elle, cinq portraits de femmes, cinq destins parallèles réunis par sa mort. Celle qui découvre le corps près de sa maison (Toni Collette), et apprend à se défaire de l’emprise d’une mère castratrice (interprétée par Piper Laurie, la maman bigote et tortionnaire de Carrie au bal du Diable !). La légiste (Rose Byrne) qui espère avoir retrouvé en elle sa sœur disparue pour faire son deuil. L’épouse (Mary Beth Hurt) qui suspecte son mari d’être le tueur en série. La mère (Marcia Gay Harden) qui part à la recherche du passé de sa fille. Et enfin la fille (Brittany Murphy), junkie et prostituée qui rêvait d’une vie meilleure.
Avec Robert Altman (Short Cuts), Quentin Tarantino (Pulp Fiction) et Alejandro González Iñárritu (21 grammes, Amours chiennes, Babel), le film choral a acquis ses lettres de noblesse. L’intérêt de cette forme singulière de cinéma est de faire coexister plusieurs personnages, tous principaux car tous secondaires (ou l’inverse, c’est selon). Écrire un bon film choral relève donc du numéro d’équilibriste, savant dosage dont chaque protagoniste doit bénéficier. Et surtout, un bon film choral n’est pas exempté de proposer un point de vue central autour duquel rayonnent les personnages. En cela, Karen Moncrieff, scénariste et réalisatrice de The Dead Girl, n’a pas perdu de vue son objectif : brosser les portraits de femmes connectées à la mort d’une jeune fille, et montrer les différentes perceptions et répercussions d’un deuil. The Dead Girl n’est d'ailleurs pas sans rappeler 21 grammes, qui racontait comment un événement tragique pouvait, paradoxalement, produire des choses positives.
Ici, toutefois, nous avons moins affaire à un pur film choral qu’à un film à sketches, dont les segments sont agencés de manière à faire évoluer le cœur de l’histoire. Et la force du film réside bel et bien dans cette succession de portraits de femmes tous magnifiquement interprétés, dont on peut regretter le manque de point de vue masculin (malgré un impeccable casting d'acteurs, Giovanni Ribisi en tête). Karen Moncrieff ne pousse jamais ses personnages à se rencontrer artificiellement, contournant habilement cet écueil récurrent du genre.
Oscillant comme un pendule entre lueur d’espoir et désespoir crépusculaire, The Dead Girl parvient à faire passer l’émotion de chaque saynète, sans temps mort ni précipitation, servi par une troupe de brillants acteurs, dont on retiendra surtout la performance de feu Brittany Murphy dans le rôle de la morte. Le film n’en est que plus amer.