The Cut (la blessure)
Anatolie, 1915. Alors que l’armée turque décime la diaspora arménienne durant la Première Guerre mondiale, Nazaret Mannogian (Tahar Rahim), un jeune forgeron, est arraché à sa famille puis envoyé aux travaux forcés. Rescapé du génocide, il apprend que ses deux filles sont encore vivantes. Il se met, sans plus attendre, à leur recherche et entame un voyage qui le mènera jusqu’au fin fond du Dakota.
Troisième opus d’une trilogie débutée en 2004 avec Head on, The Cut choisit le Diable comme thème, succédant à l’amour et la mort. Révélé par le remarquable Soul Kitchen en 2009, le réalisateur Fatih Akin co‑écrit le film avec Mardik Martin, connu pour ses brillantes collaborations avec Martin Scorsese (Raging Bull, Mean Streets, New York, New York).
Doté d’une photographie renversante, laquelle englobe l’immensité écrasante du désert jusqu’aux horizons désolés des plaines américaines, The Cut suit les pérégrinations d’un père que la grande Histoire, aussi barbare soit‑elle, ne parvient pas à démolir.
Plus de deux heures durant, le protagoniste, qui n’est plus seulement le survivant d’une épuration ethnique, du désert syrien à sa première escale américaine en Floride, doit sans relâche lutter contre les assauts d’une Humanité toujours plus menaçante. La séquence du viol réitérée à deux endroits différents du globe rend bien compte de cet état du monde tendu vers le Mal. Une fresque poignante.