par Cédric Melon
27 octobre 2020 - 09h39

The Boys saison 2

année
2020
Créateurs
InterprètesAnthony Starr, Jack Quaid, Karl Urban, Elisabeth Shue
plateforme
genre
notes
critique
8
10
label
A

La deuxième saison de la série d'Eric Kripke était d’autant plus attendue que The Boys saison 1 avait proposé une alternative aussi jouissive que provocante aux navrantes productions super‑héroïques décérébrées dont Hollywood nous abreuve depuis trop longtemps. Enfin, on pouvait se délecter d’un propos subversif et politiquement incorrect qui détonnait et s'adressait clairement à un public mûr et difficilement choquable.


Sortie l'année dernière en fanfare sur Amazon, la série The Boys est l’adaptation éponyme d’un comic de Garth Ennis (Preacher) par Eric Kripke (Supernatural). Elle met en scène un groupe de super‑héros quasi exclusivement composé de pourritures abjectes, monnayant leurs super‑aptitudes pour s’attirer les grâces du Pentagone et tenter d'obtenir encore plus de fric et de pouvoir qu’ils n’en ont déjà. Dans l’ombre, quelques humains tentent de résister, dont Billy Butcher (Karl Urban), un agent spécial franc‑tireur britannique, et Hughie Campbell (Jack Quaid, fils de Dennis Quaid et Meg Ryan), un jeune New‑Yorkais dont la petite amie a été littéralement pulvérisée par un super‑héros. À la fin de la saison 1, Butcher était en mauvaise posture.

 

Au début de la saison 2, Hughie tente avec Annie de mettre au point un plan qui leur permettrait de voler un échantillon du Compound V et ainsi prouver au monde que les super‑héros sont des humains génétiquement modifiés. De son côté, Homelander va devoir gérer l’arrivée de Stormfront, une nouvelle super‑héroïne frondeuse dont le passé obscur va s’avérer épouvantablement embarrassant.

 

Si ces nouveaux épisodes sont encore une fois inégaux, ils réservent quelques séquences incroyables dont les auteurs ont le secret. On citera en vrac une baleine qui explose dans une gerbe de sang après voir été percutée par un bateau lancé à pleine vitesse, des hectolitres d’hémoglobine et de matière grise éparpillés façon puzzle dans un tribunal administratif, une battle épique entre un humain et un pénis tentaculaire géant qui veut l’étouffer, etc, etc. Façon de dire que The Boys n’a rien perdu de son sens de la provocation, ciblant avec malice autant l’administration Trump que la politique américaine et ses acteurs en général. Difficile en effet de ne pas voir dans l’arrivée de la super‑héroïne cynique et envoûtante Stormfront (dont le nom même renvoie à un vrai forum suprémaciste américain créé par un ancien leader du Ku Klux Klan) la dérive des idéologies d’extrême droite aux USA.


Quand ce n’est pas Stormfront qui se fait le porte‑drapeau des confédérés nostalgiques (« Les gens aiment ce que j’ai à dire, ils y croient. Ils n’aiment juste pas le mot "nazi" »), c’est Homelander qui prend le relais et fait l’apologie des fake news, de l’autodéfense et du port d’arme recommandé pour tous, y compris les profs dans les écoles. Il capitalise sans arrêt sur la peur, l’ignorance et la haine, faisant systématiquement le parallèle entre l’immigration illégale et la hausse de la criminalité aux USA. Un discours répété à outrance dans les médias et sur les réseaux sociaux qui finira par provoquer le passage à l’acte d’un pauvre type contre son épicier indien en qui il a cru reconnaître un ennemi de l’Amérique avant de l’abattre d’une balle dans la tête…


Quant à ceux qui résistent et disputent le pouvoir aux super‑héros de The Boys (la compagnie Vought, symbole de l'administration Trump), ils ne sont pas mieux traités par les auteurs de la série et même présentés comme des opportunistes roublards et ambigus dont on se demande bien quelle serait leur réelle attitude s'ils arrivaient un jour au pouvoir.


Une montée en puissance et des tacles qui vont crescendo jusqu'à l'épisode final, le plus réussi de toute la saison. À la fois jubilatoire, surprenant, salutaire et particulièrement émouvant, ce n'est que dans sa toute dernière minute qu'il retourne encore une fois le spectateur avec une volte‑face provocatrice, outrancière et jouissive (dans tous les sens du terme)… À ce rythme, on n'ose imaginer ce que donnera la troisième saison de la série. Il est toutefois fort à parier que le résultat du prochain scrutin présidentiel américain donnera le ton.

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cover
- de 18 ans
disponibilité
04/09/2019
image
8 x 60'
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10+
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital Plus 5.1
Anglais Dolby Digital Plus 5.1
Anglais Audiodescription
Allemand Dolby Digital Plus 5.1
Espagnol Dolby Digital Plus 5.1
sous-titres
Français, anglais, danois, allemand, espagnol, indonésien, italien, néerlandais, norvégien, polonais, portugais, suédois, finnois, turc, russe, hindi
7
10
image

La photographie est plus inégale que celle de la première saison avec certains passages sous‑exposés. Et si l’intégration des effets spéciaux est toujours aussi exemplaire, il manque à l’ensemble des épisodes une dimension esthétique. Impossible de retenir une scène remarquable par sa beauté ou son cadre léché… sauf peut‑être le dernier plan de cette saison avec Homelander, quasi iconique, mais dont le contexte très provocant pourra déranger. À se demander si le seul très beau plan de la série, esthétique et très soigné, est justement celui que l’on n’a pas envie de revoir. On n'est pas loin de penser que tout cela est parfaitement voulu…

7
10
son

Le travail sur le son est lui aussi assez inégal. Les effets sonores sont toujours très réussis en termes de détails et de puissance, mais ils ont aussi le défaut de creuser l'écart avec les passages « classiques » plutôt fades et des dialogues pas toujours cristallins. L’utilisation de la musique reste parcellaire et sous‑exploitée. Petite déception là encore.

0
10
bonus
- Aucun

Vraiment, les éditions vidéo nous manquent à ce niveau‑là. Rien pour contextualiser et éditorialiser cet ovni sériel. Fort dommage…

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