Un jeune marin maltais part pêcher au large à bord d’un modeste canot. À la faveur d’un banc de brouillard, il croise un voilier de plaisance, l'Aeolus, qui semble désert. Inquiet pour d’éventuels passagers, le marin explore le navire avant de se rendre compte que son propre canot a disparu ! Il va alors tenter l’impossible pour revenir chez lui, mais l'Aeolus, mû par un mystérieux passager clandestin ou par un esprit malin, va lui faire vivre un véritable enfer…
The Boat est un film d’angoisse radical. Cette première réalisation du co‑producteur Winston Azzopardi (Troie, Le crime de l’Orient‑Express), tournée avec son fils Joe Azzopardi, est d’abord radicale dans son approche presque documentaire. Celle des efforts accomplis par le jeune héros, visiblement marin aguerri, pour survivre et échapper à sa prison flottante. Radical aussi le choix de n’avoir que très peu voire pas de dialogues : le marin commente peu ses actions ou son état d’esprit. Radical enfin, le choix de trois uniques protagonistes : le « héros », le navire et l’ambiance sonore.
On peut initialement penser que The Boat a été inspiré par le Christine de John Carpenter, mais les choix inflexibles de la mise en scène amènent plutôt le spectateur à le rapprocher du Duel de Spielberg. Malmené par le désespoir croissant du jeune héros et par une ambiance sonore qui suggère tout et son contraire, on ne peut qu’apprécier l’audace et l’originalité du récit.
Malgré tout, le film souffre de quelques longueurs, sans doute un petit quart d’heure de trop, ainsi que d’une séquence pourtant très flippante (l’évasion en radeau) mais trop hâtivement bouclée.
L’épilogue reste par ailleurs campé dans une radicalité sur le fil du rasoir qui risque de déstabiliser les amateurs d’explications. Car à peine l’avant‑dernière scène semble‑t‑elle enfin lever l’hypothèse (surnaturelle ou pas) sur la nature du voilier, que le dénouement livre une allégorie cryptique, sonore et visuelle au carrefour de la mythologie et de la folie…