The Blind Side
Bienvenue à gnangnan land, dans la demeure des Touhy, Tenessee. Composée d'un mari républicain convaincu, d'une épouse catho très BCBG (ses croix autour du cou sont toujours en diamants), d'une jeune fille belle comme un cœur et d'un fiston chien savant, la riche famille Touhy ne manque pas d'occupations, entre sorties diverses et variées, théâtre des enfants, bonnes œuvres et surtout sport et football américain, discipline reine réunissant toute la famille, que ce soit lors des grandes retransmissions télé ou dans les stades, sorte de catharsis familiale ou thérapie de groupe.
C'est dans ce monde béni des Dieux très Desperate Housewives (Sandra Bullock n'est pas sans rappeler les personnages féminins de la série de Marc Cherry) que déboule un jour un jeune Noir, appelé « Big Mike ». Un grand gaillard orphelin traînant sa peine de familles d'accueil en planques glauques depuis des années. Bientôt repéré sur le bord de la route par la matriarche au grand cœur mais à la poigne ferme (avec Oscar à la clé pour Sandra Bullock), le voilà devenu le « bébé » à sa « maman » en moins de temps qu'il ne faut pour le dire (ou la rencontre du gigot et de la gousse d'ail). Tout est bien qui finit bien ?
Pas vraiment pour le spectateur français (nous y reviendrons…), qui va devoir assister médusé aux longues séances d'entraînement de Big Mike qui obtiendra finalement une bourse et deviendra une pointure du football, aux cours particuliers proférés par Sainte Kathy Bates (mais que vient‑elle faire ici ?), au charabia footballistique US incompréhensible pour nous pauvres Européens, aux clichés enfilés comme les perles (l'ancienne vie minable de Big Mike en banlieue, la mère courage, les copines bourges, les profs récalcitrants…), les grandes tirades odes aux bienfaits du sport, du don de soi, de la persévérance et de l'entraide, etc. Beaucoup de mièvrerie entrecoupée de quelques rares traits d'humour salvateurs.
Si le casting est plutôt convaincant (sauf le père, quasi invisible), on perçoit tout au long du film en quoi ce dernier est typiquement américain, sorte de conte de fées yankee croulant sous le sucre et dégoulinant de bons sentiments, où Clochette serait remplacée par Ben & Jerry's, les rois de l'american cream. Trop beau pour être vrai, et surtout comestible.
Et pourtant. Ce film de John Lee Hancock (réalisateur d'Alamo et scénariste de Bad Boys 2) est adapté d'une histoire vraie (avec photos à l'appui en générique de fin), fait qui a sans doute pesé de tout son poids outre‑Atlantique. Notons que Warner, ne croyant sans doute pas au potentiel du film chez nous (mais qui a cartonné aux USA), préfère ici le proposer en version anglaise ou québécoise uniquement.