The Bikeriders
Dans les années 1960, le quotidien d’un club de motards du fin fond du Midwest, lieu de rassemblement pour les amateurs de liberté et de grands espaces. Mais peu à peu, le club va se transformer en un gang dangereux.
Riders on the Storm
Réalisé par le fils spirituel de Terrence Malick, Jeff Nichols (Take Shelter, Midnight Special), The Bikeriders est un film à part. À la fois peu satisfaisant pour les fans du cinéaste et plutôt divertissant pour les autres, il s’inscrit dans un genre particulier : celui des films de motos.
Dans la lignée de L'équipée sauvage et de Easy Rider, le film réunit un casting qui sent bon l’huile de moteur et les carburateurs : Austin Butler (mix parfait entre Brando et James Dean) et Tom Hardy, dans les rôles principaux. À leurs côtés, Norman Reedus (sans son arbalète de Daryl Dixon) et Michael Shannon complètent la distribution. Tous impeccables, taillés autant pour leur rôle que leurs cylindrées. On les imagine bien avoir créé un club de motard en parallèle du tournage…
L’immersion est totale et The Bikeriders produit son effet. Le film fleure bon la philosophie motarde en quête de liberté, la musique, les Sixties et les émotions viriles. Les thèmes qu’il aborde sont universels (la quête d'appartenance, de reconnaissance, le groupe et l’individu, l’amour et les potes). On se rappelle alors Outsiders de Coppola, et parfois même, West Side Story. La caméra sublime la mythologie des bikers en lui rendant un hommage à la fois émouvant et mélancolique. Difficile de rester insensible à son charme.
Roule à vide
Malheureusement, le classicisme de la mise en scène et de l’épopée attendue du club de bikers plombe le film qui n’arrive jamais vraiment à nous happer, sans doute trop froid. Le fait qu’il soit raconté par une narratrice très proche du club ne joue certainement pas en sa faveur. Si on comprend l’idée de féminiser un univers assez masculin (et son rôle est essentiel dans le trio central), il nous en éloigne également. D’autant plus que Jeff Nichols s’inspire là clairement de la voix off des Affranchis. N’est pas Scorsese qui veut.
Par ailleurs, The Bikeriders est un film qui prend son temps. Quand la violence intervient (en parallèle avec le Vietnam, forcément), elle en devient presque anecdotique.
Tiré d'un livre de photographies de Danny Lyon publié en 1966, The Bikeriders se révèle donc étrangement assez lent, en contradiction totale avec l’univers qu’il dépeint. Cette origine photographique se ressent, la mise en scène ne le cache d’ailleurs pas vraiment. C’est effectivement beau, presque contemplatif. On aurait tellement aimé plus qu’une simple belle chronique, d'autant que la très bonne série Sons of Anarchy est déjà passée par là.