The Artist
Le film de Michel Hazanavicius est une déclaration d’amour « muette » à l’âge d’or de Hollywood. Les références sont multiples, de Wells à Lubitsch en passant par Lang et Chaplin, et le résultat est aussi surprenant qu’émouvant. Surprenant parce que le couple Dujardin/Bejo illumine l’écran comme une évidence. Émouvant, puisque chaque séquence transpire la sincérité de son auteur. Quant aux maladresses ‑car il y en a‑, elles se paient le luxe de participer à l'immense pouvoir de séduction du film. Du charme, toujours du charme.
Mais The Artist, c’est avant tout l’histoire d’une révolution : le passage du muet au parlant et, ironie de son histoire, le film est édité en Blu-Ray au moment même où George Lucas ressort sa saga Star War en 3D. Du « low-cinéma » en pleine mutation numérique, il fallait le faire.
Bien entendu, The Artist ne relancera pas le cinéma muet, genre auquel Michel Hazanavicius déclare tout son amour, sans regret ni nostalgie (une fâcheuse tendance très française dernièrement, du Petit Nicolas à la Nouvelle guerre des boutons). C'est bien simple, si Lucas ‑toujours lui‑ avait eu une idée similaire, il aurait sans doute fait parler Charlot, colorisé M le Maudit, boosté Buster Keaton en 3D ou numérisé Douglas Fairbanks !
Michel Hazanavicius aime, George Lucas regrette. Bref, The Artist peut aussi être perçu comme une mise en abyme du travail d'un cinéaste qui ne dénature pas ses modèles. Une leçon de cinéma qui nous laisse sans voix.