The Addiction
New York. Un soir, Kathleen Conklin (Lili Taylor), doctorante en philosophie, est mordue par une étrange et séduisante femme dans une impasse. Métamorphosée en vampire, celle‑ci n’épargnera ni ses proches, ni les inconnus sur son passage…
Succédant au remarquable Body Snatchers, l’invasion continue (1993) et Snake Eyes réalisé la même année avec Madonna et Harvey Keitel, The Addiction permet aussi bien à Abel Ferrara de revisiter le film de vampires que d’envisager New York, sa ville de naissance, comme un antre dédaléen et cauchemardesque.
Scénarisé par Nicholas St. John (collaborateur de longue date) et tourné avec un budget dérisoire, le film peut refroidir avec ses références philosophiques et littéraires abondantes. Nietzsche, Kirkegaard, Sartre, Baudelaire… autant de réflexions métaphysiques qui parcourent le récit contradictoire d’une errance et d’une quête d’absolu sans cesse rattrapée par la culpabilité.
Pour vivre l’expérience du Mal, Kathleen doit écarter sa thèse ‑pur objet théorique‑ et agir en dépit de la souffrance engendrée par le manque. Ses pulsions sanguinaires cristallisent toute la monstruosité du monde (ouverture du film sur des archives du massacre de My Lai au Vietnam, exposition sur les camps d’extermination à la suite de laquelle la voix d’Adolf Hitler hantera son quotidien…), de même qu’elles orchestrent l’éprouvante descente aux enfers d’une droguée au sens large. The Addiction demeure de loin l’œuvre la plus personnelle de Ferrara.