Tête de Turc
On connaissait Pascal Elbé acteur, le voici qui passe derrière la caméra pour un premier film honnête, sorte de polar social tentant de prendre le pouls de la France des banlieues, à travers le parcours croisé de deux frères d’origine arménienne.
L’un est médecin urgentiste et vient de se faire lyncher par une bande de jeunes des cités, direction le coma pendant trois jours, l’autre est un flic usé, qui va tenter de retrouver les responsables du drame. En face, une mère d’origine turque (formidable Ronit Elkabtez) tente d’élever seule ses deux fils, dont Bora, 14 ans, qui, après avoir jeté un cocktail molotov sur le médecin, est venu l’extirper des flammes. De là, un malentendu érige le jeune Bora en modèle de civisme, au point d’être invité à recevoir une médaille de la part des autorités civiles.
Marqué par ce fait divers survenu en 2006 à Mama Galledou, étudiante sénégalaise brûlée vive à Marseille dans un bus par huit mineurs, Pascal Ebé a donc planté sa caméra dans la banlieue parisienne, afin d’ausculter cette France prise en tenaille entre le chômage, le doute identitaire et la haine de l’État. Sans doute fasciné par les récits choraux du Mexicain Inarritu (Babel, 21 grammes), Pascal Elbé a lui aussi voulu réaliser un film pluriel, engagé, honnête, mais qui pèche par son manque de souffle (travail propret mais impersonnel) et la pauvreté de sa réalisation. Un film de scénariste sincère mais faiblard.