Teddy
Teddy (Anthony Bajon), 19 ans, vit chez son oncle adoptif et travaille en tant qu’intérimaire dans un salon de massage. Fou amoureux de sa petite amie Rebecca (Christine Gautier) qui passe le bac, il rêve de fonder un foyer avec elle. Un programme complètement chamboulé la nuit où il est griffé par une bête mystérieuse…
Bien avant sa transformation, Teddy, t‑shirt noir et amateur de métal, est à peine visible dans la petite communauté de son patelin rural. Déscolarisé et toujours en marge des conventions sociales (il perturbe une cérémonie militaire ou rechigne à se soumettre aux exigences d’un client), notre protagoniste semble anticiper d’emblée son devenir lycanthropique. Et puis un beau jour, exit le bol de Chocapic pour du fromage de tête, pousse intempestive de poils sur la langue, bref, autant de petits signaux qui se dispensent de métamorphose spectaculaire à la The Howling (Joe Dante, 1981) mais regorgent d’inventivité face à l’économie de moyens.
Les jumeaux Boukherma (Willy 1er, 2016) maintiennent (à quelques giclées d’hémoglobine près) hors‑champ le règne animal pour nous révéler sa nature prédatrice quelques séquences de carnage plus tard. De l’horreur épisodique entrecoupée de moments franchement drôles et touchants avec des gendarmes à l’accent chantant, des jeunes un peu cliché et des joueurs de loterie azimutés… Sans oublier Teddy, éternel déclassé d’une France rurale invisible, humain aspirant bête à son cœur défendant.
Prix du Jury et Prix du Jury Jeunes de la Région Grand Est au dernier Festival de Gérardmer, cette petite bombe horrifique donne un sacré coup de fraîcheur au cinéma de genre français.