Talk Radio
Barry Champlain est l’animateur vedette d’une radio locale de Dallas. Chaque nuit, il répond aux appels des auditeurs les plus sinistres. Cynique, provocante et méchante, son émission est sur le point d'être diffusée à l’échelle nationale. Mais Champlain angoisse et devient de plus en plus mégalomaniaque.
Difficile d’appréhender Talk Radio sans se remettre dans le contexte des années 80, époque à laquelle les radios libres proliféraient partout dans le monde, et surtout ces émissions nocturnes où des animateurs à l'ego surdimensionné prenaient au téléphone, et en plein visage, les incohérences et la misère du monde.
L’histoire de ce provocateur radiophonique qui devient fou est donc inspirée de la réalité. C'est l’acteur Eric Bogosian qui en a tiré une pièce de théâtre, dont le film d’Oliver Stone est l'adaptation. L’acteur (aussi coscénariste du film) livre ici une prestation remarquable. Cependant, à l’heure d’Internet, de Facebook et Twitter, l’exercice radiophonique est presque devenu désuet et obsolète. Du moins sous cette forme old school, traversée de dialogues naphtalinés.
Doté d’une mise en scène inventive, Talk Radio met toutefois en perspective une tentative de communiquer qui a paradoxalement disparu avec la génération Facebook. Plus les moyens de communication sont nombreux, moins les gens se parleraient‑ils ? Quoi qu'il en soit, l’animateur de Talk Radio avait quelque chose à dire, contrairement à tous ces animateurs, invités et spécialistes de tous poils, qui inondent chaque jour les ondes et les flux toujours plus nombreux. Le film d'Oliver Stone a le mérite de nous rappeler que la possibilité de parler n’est pas le gage d’avoir quelque chose à dire. À méditer.