Sylvie et le fantôme
À l’aune de ses 16 ans, Sylvie (Odette Joyeux) croit dur comme fer en l’existence d’un fantôme, ancien amant de sa grand‑mère mort dans un duel et qui hanterait désormais le château familial. Le jour de son anniversaire est assombri quand elle apprend que le tableau, peint à l’effigie de son héros, a été revendu à un collectionneur. Son père s’arrange alors pour redonner vie à son fantasme et engage des comédiens afin qu’ils se déguisent en fantôme le soir des festivités.
Pourvu d’effets fantastiques particulièrement innovants pour l’époque (Jacques Tati, parfait en ectoplasme flottant échappé du tableau), Sylvie et le fantôme jongle entre une certaine théâtralité (en partie liée à son origine, il s’agit d’une adaptation d’une pièce d’Alfred Adam de 1942) et une expérimentation technique tout à fait honorable.
Les quiproquos entre soupirant, malfrat, comédien et vrai fantôme s’enchaînent avec une fluidité amusante, tandis que la jeune Sylvie se fraie un chemin vers le monde adulte, délaissant progressivement ses rêveries de petite fille.
À travers cette histoire, Claude Autant‑Lara (La traversée de Paris) sonde aussi bien la douceur que la mélancolie liée à toute transition, le passage dans le monde adulte ou encore celui qui mène à la vieillesse ou à la mort. « Nous souffrons tous les deux d’un mal incurable (...) nous ne sommes plus des enfants », cite le père de l’héroïne.