Survival of the Dead
La planète est frappée par une épidémie étrange : tous les morts se réveillent de leur sommeil éternel et se transforment en morts vivants. Isolés du reste du monde, les habitants d’une petite île du nord des États‑Unis sont divisés à cause d’une rivalité séculaire des deux familles insulaires : les O’Flynn et les Muldoon. Tandis que le patriarche du premier clan (Kenneth Welsh) organise des battues pour abattre les zombies, le chef du second (Richard Fitzpatrick) refuse de « tuer » ces pauvres hères assoiffés de sang humain, qui appartiennent à l’une ou l’autre des deux familles, préférant les attacher et les emprisonner jusqu’à trouver une solution. Ce qui n’était qu’un conflit sourd éclate au grand jour, et le père Muldoon chasse le Sieur O’Flynn de ses terres, le poussant à prendre le large pour éviter de le tuer.
Pendant ce temps, une petite troupe d’anciens militaires menée par Sarge (joué par Alan Van Sprang, dont le personnage était déjà présent dans Diary of the Dead) tente de survivre par la force, pillant ceux qui se trouvent sur son chemin. Une nuit, ils visionnent un message filmé du père O’Flynn, qui invite tous ceux qui le désirent à venir se réfugier sur l’île. Les soldats décident de s’y rendre, sans savoir qu’ils vont se retrouver en pleine guerre clanique…
George A. Romero est un réalisateur sympathique, que l’on a adoré pour ses premiers films (la trilogie Zombie, Le jour des morts vivants et La nuit des morts vivants), et que l’on a encore envie d’aimer. Mais, à l’instar d’un Dario Argento ou d’un Tobe Hooper, Romero s’est difficilement recyclé, tournant en rond avec sa thématique favorite, les zombies. Si le metteur en scène parvenait autrefois à glisser habilement un sous‑texte politique à ses œuvres (critique de la société de consommation dans Zombie), il peine aujourd’hui à retrouver l’efficacité d’antan.
Après un Diary of the Dead (2008) assez soporifique malgré sa pertinence sur la dictature des images et la surabondance de l’information, il nous revient avec ce DTV présenté à Gérardmer en 2010, réflexion sur l'absurdité de la guerre dont il voulait faire un western. Mais s’inspirer des Grands espaces de William Wyler (le conflit opposant deux clans) ne suffit pas pour signer un véritable film du genre cité en modèle, ni l’utilisation du Cinémascope d’ailleurs. Car si Romero est un bon cinéaste dans les thématiques qu’il brasse et appose à ses films d’horreur, il ne propose que rarement une mise en scène inspirée, plombée ici par un manque de rythme et d’empathie pour les personnages.
Et le manque de moyens du film ne doit pas entrer en ligne de compte, puisque l’essentiel était là : un magnifique décor naturel, sauvage à souhait, qu’il suffisait de cadrer avec plus d’ampleur et d’admiration. Mais le potentiel de cette histoire de rivalité ancestrale, tellement vieille que les intéressés en ont même oublié la raison, est sabordé. La preuve avec cette scène montrant une fille devenue zombie traverser un champ à cheval devant les yeux attristés de son père, hélas dénuée d’émotion et expédiée en quelques poignés de secondes…