Sur écoute saison 4
Sur écoute, c’est le rêve américain qui, soumis au détecteur de rationalisme, devient le cauchemar de ceux qui s’illusionnent encore. Le récit incroyable décrivant le quotidien des flics de Baltimore sur un mode quasi documentaire.
Son créateur, David Simon, ancien journaliste au Baltimore Sun, exploite à merveille son expérience du terrain dans une des villes les plus violentes des États-Unis. Il en extrait la sève et insuffle dans chacun des personnages et des intrigues un sens du réel aussi percutant qu'effroyable (notons qu'il est aidé dans sa tâche par Ed Burns, ancien policier de la brigade criminelle de Baltimore).
Chaque saison met ainsi l’accent sur un problème de société, le décortique et l’analyse sans tabous ni censure. Saison 1 : la police. Saison 2 : le monde du travail. Saison 3 : la politique. Saison 4 : l’éducation. Saison 5 : la presse. L'auteur cherche avant tout à provoquer les consciences et à éviter toute espèce de léthargie d’acception de l’inacceptable. En tant que témoins, nous avons vu et nous savons.
Succès inattendu pour cette série que tout le monde se targue d'avoir vu, même si ce n'est pas le cas. Un phénomène paradoxal et quasi unique dans le petit monde de la télé. Pourtant, au départ, le rythme lent, les personnages complexes et le récit, qui ne succombe jamais aux sirènes du spectaculaire, peuvent rebuter. Il faut même parfois sérieusement s’accrocher pour suivre. Mais au fur et à mesure, on accepte les règles anti-manichéennes, les couleurs sombres, l’immersion et la fascination.
En fait, apprécier à sa juste valeur Sur écoute demande beaucoup trop d’efforts pour, une fois digérée, la rejeter. Élitiste, difficilement abordable, non spectaculaire, oui, et alors ? Bon visionnage.