Succession saison 3
Après deux saisons exceptionnelles (voir Succession 1 et 2) se concluant sur un final magistral et deux ans d’absence, la suite de la phénoménale série ne déçoit pas même si elle n’est pas encore tout à fait (la presse n'a pas pu voir les derniers épisodes) à la hauteur des deux claques précédentes.
Retardée pour cause de pandémie, cette saison 3 a créé une attente rarement vue depuis quelques années dans le monde de la série, d’autant que la saison 2 se terminait de manière tonitruante avec un rebondissement d’anthologie (on imagine d'ailleurs mal cette saison ne pas faire aussi fort dans ses ultimes secondes).
La guerre des Roy
La saison 3 reprend donc juste après « l'événement » qui a laissé tout le monde sous le choc, et cette fois, la guerre entre Logan Roy et ses quatre enfants, prêts à tout pour prendre le contrôle de l’empire paternel, est vraiment déclarée. Deux camps s’opposent à couteaux tirés. D’un côté Logan Roy (sublime Brian Cox), le patriarche qui ne veut pas renoncer à son empire. De l’autre, Kendall Roy (Jeremy Strong, toujours aussi brillant) qui a refusé d’être l’agneau sacrifié et compte désormais destituer son père, quel qu’en soit le prix. Entre les deux, les autres frères et sœurs, Siobhan (Sarah Snook), Roman (Kieran Culkin) et Connor (Alan Ruck), ne savent plus à quel « salopard » se vouer.
La puissance des silences
Ce qui frappe d'emblée, c’est le faux rythme qui s'empare de la narration de cette nouvelle saison. En comparaison des épisodes précédents, à peu près tous fulgurants, les auteurs ont sans doute profité du temps suspendu imposé par le Covid pour se réorganiser presque exclusivement autour des comédiens et leur jeu ciselé, peaufinant les dialogues à la virgule près et laissant même d'impressionnants silences envahir l'écran. À commencer par celui, mémorable, entre Logan et Kendall au bord de l'océan, où la frontière entre vérité et mensonges qui s'estompe complètement les projette en plein doute. Un parti pris rendu possible grâce à des comédiens tous de haute volée, gérant fractures, punchlines et body langague avec brio.
Personnages au bord de la folie pure
Au final, cette saison 3 peut se résumer à une lutte d’ego à huis clos, certes brillante, mais parfois en manque d'action. Nul doute qu'un ou plusieurs de ces personnages au bord de la folie pure finiront déclencher les mécanismes d'une machinerie infernale…
En attendant, HBO vient de renouveler la série pour une saison 4 qui sera probablement la dernière. Les scénaristes l'ont dit, ils veulent pouvoir s’organiser narrativement et véritablement se lâcher. Une sortie, vu l'historique de la série, que l'on ne peut difficilement imaginer loupée.