Succession saison 1
Féroce, acide, cruelle, Succession est une plongée en apnée saisissante dans le monde impitoyable des empires médiatiques. Elle met en scène une richissime famille new‑yorkaise à la tête d’un empire qui n'hésite pas à livrer une guerre sans merci à la concurrence mais également à terroriser ses plus proches collaborateurs en interne. En effet, Logan Roy, le patriarche, se cherche un successeur parmi ses quatre héritiers, mais le passage de relais ne va du tout se passer comme prévu.
Sorte de version réaliste, sans filtre et provocante de Dynastie, Succession est une tragédie shakespearienne qui prend le pouls de la société de consommation et de la lutte pour le pouvoir poussée à son maximum. Deux visions s'affrontent : celle du père self‑made man qui voit ses enfants se jeter sur son héritage sans vraiment le mériter, et celles des jeunes loups qui, empêchés d'arriver, finiront par opter pour les mêmes « vieilles » techniques qui ont fait leurs preuves.
À l'écran, la rencontre frontale entre le vieux monde et le nouveau est cynique, féroce, percutante, à l'image de certaines situations extrêmes montrées sans fausse pudeur, voir la jouissance ‑au sens propre‑ d'un des fils qui découvre enfin son bureau tout en haut d'une tour, et du monde. Véritable shaker à émotions, cette première saison déballe tout, tout de suite : des personnages détestables qui deviennent touchants en une fraction de seconde, des revirements de situation pathétiques et cruels, des séquences fascinantes, des dialogues malsains déclamés par des comédiens tous extraordinaires, à commencer par Brian Cox qui insuffle à son rôle une puissance et une dimension incroyables.
L’ensemble est sublimé par une mise en scène précise qui colle au plus près des personnages sans fioritures ni stylisation excessive (en dehors du générique qui rappelle les flash‑back de The Game de David Fincher, et tellement révélateur…), captant sur le vif les silences, les regards et les expressions quasi imperceptibles. Elle est aussi là dans les instants plus nerveux, intuitifs, les colères noires et les tensions extrêmes entre les personnages. Ou la caméra comme témoin privilégié de cette lutte permanente qui nous entraîne au milieu d'une arène remplie de loups assoiffés de sang et de pouvoir. Tragique et fascinante, Succession est déjà une très grande série.