Suburra
En novembre 2011, des mafieux préparent une gigantesque escroquerie immobilière sur le littoral d’Ostie avec l’aide d’un gangster agressif, Numéro 8. Magradi, un parlementaire corrompu qui devrait favoriser l’opération d'Ostie, est aussi un amateur de parties fines. Il se retrouve impliqué dans la mort accidentelle d’une mineure. Pour dissimuler le corps de la jeune fille, Magradi fait appel à un voyou et se retrouve sans le vouloir à l’origine d’une épouvantable escalade de violence entre différentes familles mafieuses de Rome.
À travers un écheveau de circonstances plutôt malin, Suburra, filmé par Stefano Sollima, le réalisateur de Romanzo Criminale et de la série Gomorra, dépeint avec force la corruption gangrenant l’Italie. Le réalisateur table sur une mise en image ultra‑racée, sorte de versant transalpin du Michael Mann de Heat, ainsi que sur une galerie de personnages tous plus frappants ‑et épouvantables‑ les uns que les autres.
Si la mise en place du récit s’avère très habile, le propos qui suit manque de nuance. Suburra n’évite ni une réelle fascination pour l’ultra‑violence ni des dérapages dans la symbolique outrancière (les séquences au Vatican).
Malgré ces gros défauts, il faut reconnaître à Stephano Sollima une volonté constante de renouvellement dans sa réalisation, une habilité à « poser » ses personnages en quelques secondes, ainsi qu’une science de l’esthétique et du cadrage assez bluffante. Suburra est un thriller beaucoup moins malin qu’il ne le pense, mais reste malgré tout un film de mafia très recommandable.