Stoker
Ce fut l’une des plus grosses déceptions de l’année : Park Chan‑Wook, l’un des cinéastes contemporains les plus originaux de ces dix dernières années, auteur d’une trilogie de la vengeance mémorable (Old Boy, Sympathy for Mr. Vengeance et Lady Vengeance) signe avec Stoker son premier film hollywoodien.
Les visions venimeuses et puissantes du cinéaste sud‑coréen allaient‑elles résister au voyage ? La réponse est négative et le résultat ressemble à un pastiche/hommage hyper‑élégant mais lourdingue du cinéma de Hitchcock. Cela dit, les amateurs de quiz seront aux anges en repérant les citations de La mort aux trousses (un champ de maïs), de Psychose (une lampe qui se balance au fond d’une cave) et surtout de L’ombre d’un doute, dont le film constitue une reprise à peine déguisée.
Comme dans le film d’Alfred Hitchcock, l’héroïne de Stoker s’appelle Charlie et se retrouve, après la mort de son père, elle aussi confrontée à un oncle énigmatique aussi crédible qu’un mannequin Giorgio Armani, lequel décide de venir habiter avec elle et sa mère, Nicole Kidman, en pleine botox attitude (difficile de percevoir la moindre expression sur ce visage de porcelaine figée). Les images ultra‑lisses et léchées s’enchaînent sans discontinuer, pleines de symboles psychanalytiques… Vivement que Park Chan-Wook retrouve le chemin des grands films et de la Corée du Sud.