Stateless
Le drame de la crise migratoire à travers quatre protagonistes en Australie. Ameer (Fayssal Bazzi) exilé afghan, tente d’offrir à sa femme et ses deux filles un avenir meilleur. Cam (Jai Courtney), un Australien, veut donner aux siens un quotidien plus souriant grâce à un job rémunérateur de gardien dans un centre de réfugiés en plein désert. Clare (Asher Keddie), brillante fonctionnaire, vit comme un purgatoire mortifiant sa nomination à la tête de la même structure. Et Sofie (Yvonne Strahowski), une Australienne qui n’a strictement rien à faire dans le centre et qui y est pourtant détenue. La jeune femme, psychologiquement fragile après un passage dans une secte menée par deux escrocs (Cate Blanchett, Dominic West) prétend être une Allemande ayant tenté de s'installer illégalement en Australie.
Stateless, mini‑série co‑créée par Cate Blanchett, aborde de manière sensible et surtout originale le sujet de la crise migratoire. On y trouve tout ce qu’on peut attendre : les trajectoires poignantes d'émigrés bien sûr, l’évocation des violences en centre naturellement et l’inhumanité de ces structures, des prisons qui ne veulent pas dire leur nom, évidemment. Mais aussi beaucoup, beaucoup plus. Des personnages structurés, nuancés et magnifiquement interprétés, ainsi qu’une exploration psychologique très fine de l’impact émotionnel et personnel de ces pseudo‑institutions d’accueil sur ceux qui y moisissent ainsi que sur ceux qui y travaillent.
Mieux : Stateless, basée sur un authentique fait divers (la détention illégale de Cornelia Rau, une Australienne entre 2004 et 2005), prend le risque d’une confrontation extrêmement périlleuse. La collision entre ceux contraints de vivre ou de bosser dans le fameux centre, et une jeune femme qui s’y réfugie délibérément. Par parenthèse, ce rôle de Sofie confirme tout le bien qu’on pensait déjà de l’immense talent d’Yvonne Strahowski (La servante écarlate, Dexter, Chuck).
Ce choc entre ceux qui rêvent de partir et celle qui espère rester nourrit très habilement le propos. La série, superbement scénarisée par Elise McCredie et Tony Ayres, évite tous les poncifs. Et, à l’aide d’une mise en scène aussi élégante que surprenante, mobilise avec puissance non l’indignation mais la morale et la raison des spectateurs. Que l'on soit curieux ou que l'on recherche un programme surprenant qui déjoue ses attentes, on découvrira avec Stateless un vrai petit joyau d’originalité.