Star Wars : les derniers Jedi
La Résistance, conduite par Leia, fuit tant bien que mal la flotte du Premier Ordre tandis que, loin de là, Rey tente de convaincre Luke Skywalker de parfaire son entraînement Jedi. Luke hésite : Rey dispose d’un potentiel immense, comme jadis son ancien élève Ben Solo alias Kylo Ren. Mais la jeune femme paraît aussi avoir de très sérieuses prédispositions à chuter du côté obscur. De leur côté, Finn et de nouveaux alliés tentent de découvrir un moyen de semer le Premier Ordre grâce à une technologie révolutionnaire.
Avec Les derniers Jedi, le réalisateur Rian Johnson avait une très lourde tâche : donner un vrai nouvel élan à la saga Star Wars. Et faire oublier Un réveil de la Force beaucoup trop proche (quasiment un copier/coller) des héros et thématiques explorés jadis par George Lucas.
Les derniers Jedi se devait donc d’être ambitieux dans son ampleur et audacieux dans son déroulement. Sur ce double point de vue, Rian Johnson remplit son contrat. Non seulement le film suit de manière limpide trois trames narratives différentes, il sait aussi surprendre à travers des séquences bluffantes visuellement et, à aux moins trois reprises, très surprenantes au point de vue narratif. On n’en dira pas trop pour éviter tout spoiler, mais Rian Johnson parvient à négocier des choix scénaristiques drastiques assez bluffants. Et creuser intelligemment certains personnages à peine esquissés dans le Réveil de la Force, notamment Kylo Ren (Adam Driver), méchant atypique et décidément passionnant.
Son entreprise n’est toutefois pas exempte de défauts, car la rénovation de fond en comble de la saga ne peut se faire uniquement en éclaircissant les rangs. L’épisode se doit aussi de semer les prémices de trames narratives à venir. C’est peut‑être là le principal reproche à adresser au Derniers Jedi : le film a des ambitions démesurées pour un simple long métrage. Il s’acquitte de sa tâche, mais c’est au prix d’une durée extrêmement conséquente (2h32) qui, en termes de rythme, ralentit terriblement le récit.
Cette inflation d’objectifs se traduit aussi par l’obligation de mettre en scène des séquences ultra‑spectaculaires. Laquelle se paie certes d’un ravissement visuel évident (l’attaque au sol de la base rebelle à Crait), mais aussi d’une interminable mise en place qui ralentit si considérablement le récit qu’elle suscitera l’ennui sinon beaucoup d’impatience chez nombre de fans.
Un film trop ambitieux ? Sans doute. Mais peut‑on vraiment faire grief à Rian Johnson d’avoir vu grand quand J.J. Abrams n’avait su, dans Le réveil de la Force, qu’user jusqu’à la trame des pistes déjà vues et s’en sortir avec une pirouette contestable (la mort de Han Solo) ? Certainement pas ! Quarante‑et‑un ans après le démarrage de la saga, Les derniers Jedi offre un avenir à Star Wars. Un avenir peut‑être discutable mais qui a le mérite d’exister et cela n’est pas un mince exploit.