Star Wars : l'ascension de Skywalker
Pendant que Rey poursuit son entraînement Jedi sous la supervision de Leia, Kylo Ren obtient par la violence un accessoire Sith lui permettant d’accéder à une mystérieuse planète. Là, Kylo va découvrir l’éminence grise à l’origine du Premier Ordre et recevoir l’ordre de tuer Rey avant que les forces Sith lancent un assaut final pour s’emparer du pouvoir.
Il était ardu de conclure d’une manière satisfaisante un monument pop comme la saga Star Wars. Pour J.J. Abrams, à la réalisation et la coécriture, la tâche était d’autant plus complexe que le précédent opus, Les derniers Jedi, signé Rian Johnson, s’était attiré les foudres de nombreux fans. Avec cette double mission d’achever une saga culte et de « rattraper » les errances supposées ‑un avis que nous ne partageons pas‑ de Rian Johnson, J.J. Abrams avait une tâche cyclopéenne. Autant ne pas faire durer le suspense trop longtemps : le réalisateur s’est prodigieusement planté avec cette Ascension de Skywalker.
Le budget pharaonique débloqué par Disney (275 millions de dollars), désormais propriétaire de la saga, a certes autorisé la mise en place de séquences impressionnantes orchestrées par la crème de la crème des effets spéciaux. Mais J.J. Abrams scénariste a multiplié les choix extrêmement contestables. Pourquoi reprendre du vieux, voire du très vieux (le vilain empereur Palpatine, révélé dès la première bande‑annonce du film) pour donner un moteur au récit ? Pourquoi créer des moments crève‑cœur (la « mort » d’un certain nombre de personnages iconiques) pour systématiquement les désamorcer aussitôt avec des come‑back souvent risibles ? Pourquoi jeter tout ou presque de ce qu’avait construit Rian Johnson dans Les derniers Jedi (la Rébellion, réduite à un dernier carré, a miraculeusement retrouvé des hordes de vaisseaux et de soldats, Rey qui n’était que l’enfant de quidams devient la fille cachée d’une éminence) ?
Les mauvais choix s’enchaînent au fil d’invraisemblances monstrueuses, de redites, d’hommages patauds (ultimes images de Carrie Fisher) et surtout d’une tenace sensation de déjà‑vu. Et cette Ascension de Skywalker que tous les fans avaient espérée anthologique retombe comme un vulgaire soufflé pour aboutir à un « tout ça pour ça ? » bien triste.
Tout n’est évidemment pas à jeter dans ces presque deux heures trente. On est comblé par la beauté plastique de certaines scènes (le duel Rey/Kylo dans les décombres de l’Étoile Noire). On est soufflé par le talent de certains comédiens, particulièrement Adam Driver qui fait des miracles avec le presque rien qui construit Kylo Ren. Et on enrage de frustration quand J.J. Abrams réussit enfin à produire une séquence finale dépouillée, simple, bouleversante et infiniment puissante à son récit. Car c’est à cette aune, cette fragile pépite de quelques secondes, ce final enfin amoureux de Star Wars, que L’ascension de Skywalker méritait d’être taillée.