Star Wars : épisode I - La menace fantôme - L'intégrale de la saga
Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, la Fédération du Commerce impose un blocus économique à la pacifique planète Naboo. Deux chevaliers Jedi, Qui‑Gon Jinn et son disciple Obi‑Wan Kenobi, sont alors envoyés pour négocier. Mais les Jedi échappent de justesse à une tentative de meurtre, et comprennent que Naboo va bientôt être envahie par les droïdes de combat de la Fédération. À l’aide du maladroit Jar Jar Binks, un Gungan, de la princesse Amidala et du jeune Anakin Skywalker, les deux Jedi décident de mener la fronde…
Premier volet de la nouvelle trilogie de George Lucas, ce Star Wars est un hymne flamboyant à la magie et aux pouvoirs des effets spéciaux dont avait (enfin) à disposition George Lucas pour mettre en image son rêve de gosse. Composés et orchestrés par les intarissables créateurs d’ILM, certains de ces trucages numériques sont fantastiques (rappelons que nous sommes « seulement » en 1998…), et notamment les décors urbains de la planète Coruscant.
Et puis, il y a toutes ces créatures (une trentaine au moins), ainsi que les différents vaisseaux qui nous régalent du début à la fin. D’aucuns diront que le scénario est plus plat et que le film n’atteint pas la qualité de ses aînés, mais qu’importe. Le spectacle est permanent, la bande sonore virevolte entre la musique de John Williams et les effets sonores de Gary Rydström, et deux scènes resteront sans nul doute dans les annales du cinéma (la course de modules et la séquence sous‑marine). L’univers Star Wars continue d’être magique…
Après les tests de Star Wars : épisode IV, Star Wars : épisode V - L'Empire contre‑attaque et Star Wars : épisode VI - Le retour du Jedi, voici notre verdict pour l'épisode I. Pour ceux qui ont déjà lu nos premiers tests, vous pouvez directement vous rendre aux parties « Bonus » et « Verdict technique » de cette page. Pour les autres, voici un rappel de « l'historique » de la saga, qui conduira en 2011 à ces nouvelles éditions haute définition.
Octobre 2004. George Lucas donne son feu vert pour l’édition DVD de la première trilogie réalisée entre 1977 et 1983. Des versions remasterisées (le chiffre avancé à l'époque pour la restauration des trois films est de 10 M$ financés par la Fox) intégrant de nouvelles séquences et des effets spéciaux retravaillés pour le vingtième anniversaire de la ressortie de la trilogie en salles en 1997. Des DVD qui surclassaient, et de loin, tous les vieux laserdiscs et VHS des films.
Décembre 2006. Des éditions Collector limitées des épisodes IV, V et VI sont mises sur le marché sur un court laps de temps. Des DVD proposant à la fois la version originale des trois films (tels qu’ils ont été distribués en salles à l’époque, c’est‑à‑dire sans réécriture numérique des génériques, sans intégration de nouveaux éléments, sans correction ou affinage des effets spéciaux, en 4/3 et en Dolby Surround), et la version remasterisée de 2004 (16/9, Dolby Digital 5.1, avec les commentaires audio de George Lucas et des équipes des films).
Septembre 2011. Lucas et la Fox lancent sur orbite les Blu-Ray des deux trilogies, soit l'intégralité de la saga Star Wars. Un événement interplanétaire pour tous les fans d'Anakin Skywalker, Obi‑Wan Kenobi, Padmé Amidala, la princesse Leïa, Chewbacca, R2‑D2, Jar Jar Binks, maître Yoda et tout le bestiaire de la saga. Comme à son habitude, outre un réétalonnage complet des six films, George Lucas en profite pour modifier de nombreux plans (nous reviendrons sur ces changements ultérieurement…) qui ne manqueront pas, une nouvelle fois, de déclencher l'ire des ultra‑fans de la saga.
Mais afin d'apprécier cette sortie à sa juste valeur (et sur laquelle nous reviendrons film après film dans l'ordre de leur sortie cinéma, afin d'en détailler au mieux tout le contenu, extrêmement riche), il faut revenir sur la sortie DVD de 2004, reposant sur une étape essentielle : la restauration. Or, les Épisodes IV (1977), V (1980) et VI (1983) de la saga de Lucas commençaient à dater, d’où des copies de travail (celles du vingtième anniversaire en 1997) sérieusement altérées. Pour y remédier, George Lucas a confié l’essentiel du boulot à John Lowry (le lifting des Indiana Jones, c’est lui !), qui ne s’attendait pas à trouver les négatifs de ce monument du cinéma dans un état aussi catastrophique…
Au moment de la sortie en salles de La guerre des étoiles, personne, pas même George Lucas, n’espérait un succès aussi retentissant. Du jour au lendemain, des centaines de demandes de copies du film à partir des négatifs originaux affluèrent du monde entier. Le studio fut alors obligé d’utiliser sans cesse ces négatifs pour produire encore plus de copies de qualité. Paradoxalement, plus un film enregistre de succès, plus ses négatifs sont utilisés, et plus cette source essentielle et unique est endommagée (c'est moins vrai aujourd'hui avec les tournages tout‑numériques). Le succès de Star Wars ne s’est jamais démenti, et même si en 1997, les négatifs furent une première fois restaurés pour une nouvelle exploitation en salles, la demande pour ces nouvelles copies fut elle aussi très impressionnante. John Lorry et son équipe n’ont pu que constater l’étendue des dégâts devant l’ampleur de la catastrophe.
Après avoir été lavés deux fois (on le découvre dans les bonus de l'épisode IV), les négatifs ont dans un premier temps été transférés en haute définition, pour ensuite être envoyés à la compagnie d’effets spéciaux de George Lucas, ILM (Industrial Light and Magic). Lowry explique à titre de comparaison, que lorsqu’ils se sont attaqués à la trilogie Indiana Jones (restauration SD), lui et son équipe devaient parfois retoucher jusqu'à 100 000 petits grains de poussière pour chacun des longs métrages. Alors que pour une seule scène de La guerre des étoiles, le chiffre est monté jusqu'à 1 million ! Armée d’une batterie de 600 ordinateurs, l’équipe de restauration, constituée de près d’une centaine de personnes, s’est attelée à ce travail de titan. Les techniciens ont alors recoloré entièrement chacun des trois longs métrages. La colorisation fut plus aisée à pratiquer sur un support digital, même si l’harmonisation de l’ensemble a demandé une précision quasi machiavélique. Sans oublier que l’utilisation du support digital a permis l’ajout de sous-titres dans des conditions optimales. Une fois ce travail achevé, les hommes de Lowry disposaient d’une vidéo haute définition, certes recolorisée, mais qui mettait en exergue toutes les altérations de la pellicule.
Outre le problème de grain disgracieux à résoudre, ils devaient aussi faire en sorte que les scènes et effets spéciaux rajoutés en 1997 ne jurent pas avec le reste. De l’aveu de Lowry, des gens d’ILM et de THX, restaurer Star Wars a été la chose la plus difficile qu’ils aient jamais faite. C'est donc à partir de cette restauration en profondeur, et en numérique, que George Lucas a opéré cette ultime restauration Blu‑Ray.
Pour les épisodes I, II et III, c'est différent. Si le premier opus a bénéficié peu ou prou du même travail (cf. Verdict technique image plus bas), les deux autres étaient déjà disponibles sous forme de fichiers numériques. Pour ceux‑là, l'étape de lavage des négatifs et du scan de la pellicule n'a donc pas eu lieu. En revanche, ils ont été réétalonnés et légèrement retouchés, dans un souci de cohérence visuelle sur les six films.
Contrôlée successivement par THX, le laboratoire Deluxe et ILM, la saga comporte des avancées techniques majeures : restauration du format original avec 8% d'image en plus par rapport aux DVD, corrections des inversions de surrounds sur certaines séquences de l'épisode IV, et donc, vous l'avez compris, ultime restauration des six films à partir de fichiers numériques. Le résultat est incroyable de fraîcheur… Un rendu unique pour une saga qui a toujours été précurseur. Douze ans déjà pour cet épisode I, et il semble presque avoir été tourné hier.